Max, Embrassez qui vous voudrez

Elle se rap­proche à peine, Sa bouche comme un appel. Envers et con­tre moi. Je n’ose lui faire front et tourne le vis­age afin que son bais­er aboutisse à ma joue. Ses mains, si déli­cate­ment, oblig­ent mon vis­age à revenir en elle. Et je sens ce souf­fle de rosée.

Ce cœur qui tam­bourine. N’est plus aus­si fréquent. Et perçois cet appel, d’une extase com­plice de nos lèvres humides.

Alors je me réveille d’un cri hale­tant, et je sens cette langue de chat rappeuse et sèche col­lée à mon palais.

Je me débats pour ne pas tomber du lit, en cher­chant à son pied, cette bouteille d’eau. Ma gorge brûle et je dois étein­dre ce feu qui m’étouffe. Enfin, je m’enivre de cette onde jusqu’à suffocation.

Ma pre­mière expéri­ence avec l’asialie. Cette absence de salive, dou­ble con­séquence d’une exérèse totale de la glande sali­vaire prin­ci­pale droite et du traite­ment de radio­thérapie qui s’ensuivit.

Le bon côté, c’est « adieu aux postillons. »

Et Le pire n’est pas tou­jours sûr. Mais les patholo­gies, liées au manque de salive, sont fréquentes. Car, en dehors de son rôle hydratant, celle-ci est un sys­tème immu­ni­taire naturel spé­cial­isé. Qui entre­tient les bonnes bac­téries, celles qui te per­me­t­tent d’avoir un envi­ron­nement buc­cal sain. Mais qui com­bat les mau­vais ger­mes, ceux qui  provo­quent, notam­ment, les infec­tions den­taires. Donc pas ou peu de salive, c’est caries à répéti­tion assurées, mus­cites et  apht­es en nom­bre. Champignons et mycoses en série, des gen­cives au palais, de la langue à la gorge. Asso­ciées au risque red­outé d’ostéonécrose des mâchoires, con­séquence de la radio­thérapie ORL

Et là, c’est pas les vacances

Alors, ce sont les gout­tières flu­o­rées quo­ti­di­ennes et à vie, si on veut éviter la sonde gas­trique et la perte inex­orable des dents. Et je n’ai pas échap­pé à cer­taines de ces patholo­gies, heureuse­ment les plus bénignes.

Par­lons un peu du goût. Plutôt, de son absence (Agueusie) ou de sa mod­i­fi­ca­tion. Prin­ci­pale­ment liée  à la radio­thérapie, l’asialie ampli­fie ce symp­tôme. Pour ma part, après deux ans, les effets sont tou­jours présents, bien qu’atténués. Les gouts de base sont les plus touchés (Salé, sucré, acide, amer). Cer­taines saveurs sont ampli­fiées. Goût métallique pour la viande et le choco­lat. Le gras est rebu­tant. Reste la sen­si­bil­ité aux saveurs plus fines, comme les fruits ou les légumes en général. Ce qui me vaut cette sil­hou­ette débar­rassée de vingt cinq-kilos. En réal­ité, le goût étant affaire de mémoire, on recon­stru­it incon­sciem­ment, sa sen­si­bil­ité gus­ta­tive afin qu’elle soit adéquat à son pro­pre bien-être. Bien sûr, existe-t-il des astuces et traite­ments d’appoint qui lim­i­tent ces sen­sa­tions. Qui vous ren­dent la vie plus facile, qua­si-nor­male. Mais on n’échappe pas aux lim­i­ta­tions orales. Finis, les beaux dis­cours, sans une hydrata­tion fréquente, eau ou salive arti­fi­cielle. Il reste alors le son d’une voix, par­fois inaltérable, qu’accompagne le regard des âmes bienveillantes.

Max.K

Ma gueule ? Et alors ?
Ma gueule ? Et alors ?
C’est ma gueule !
Quoi, ma gueule ?

Quel objet pour­rait sym­bol­is­er ton par­cours ?
Une bouteille d’eau.

Parce qu’elle m’aide beau­coup, à cause de mon asialie.
J’ai des dif­fi­cultés à par­ler un moment sans boire d’eau, parce que je n’ai plus de salive… en tout cas, plus beaucoup.

Mak­ing off
Ma gueule !
On s’entraîne pas avant ! (rires)

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