“La maladie, c’est son jardin secret”

Emi­lie n’oubliera jamais ce jour de 2021 où elle a appris que son fils de qua­tre ans et demi était grave­ment malade : « Loïc ne man­i­fes­tait rien mais j’avais con­staté une petite boule qui sor­tait de son oreille », racon­te-t-elle, émue. Les jours passent… Une paralysie fas­ciale appa­raît. Après l’avoir emmené aux urgences où les médecins lui fer­ont toute une bat­terie d’examens, le diag­nos­tic tombe : l’enfant est atteint d’un rhab­domyosar­come embry­on­naire (RMS) de l’oreille, un can­cer rare qui touche prin­ci­pale­ment les enfants. « Per­son­ne n’est prêt à enten­dre ça… », con­fie la jeune femme. D’autant que j’étais seule avec lui au moment de l’annonce. C’est tout notre monde qui s’écroule d’un coup ». Et qui ébran­le une famille entière.

emilie et loic

Une fois ren­trée à la mai­son, Emi­lie doit répon­dre aux inter­ro­ga­tions d’Auriane, sa fille aînée, âgée de 7 ans. « Quand elle m’a demandé si son frère allait mourir, je n’ai pas voulu lui men­tir. C’était très dur. J’ai répon­du qu’il avait une mal­adie grave mais qu’on allait tout faire pour qu’il guérisse. ». Rapi­de­ment, la famille se mobilise. La jeune maman vient de se recon­ver­tir et d’ouvrir un cab­i­net de sophrolo­gie. De son côté, son mari a une entre­prise de menuis­erie à faire tourn­er. L’irruption de la mal­adie va com­plète­ment boule­vers­er le quo­ti­di­en de la famille. Emi­lie doit fer­mer le cab­i­net pour se con­sacr­er 24h sur 24 à son fils.  Heureuse­ment, les grands-par­ents sont là pour s’occuper des filles quand leur papa travaille.

Les traite­ments vont s’enchaîner. C’est devenu « hôpi­tal, hôpi­tal et hôpi­tal », résume-t-elle ». Le petit garçon subi­ra 9 cycles de chimio (néces­si­tant 2.5 jours d’hospitalisation à Limo­ges cha­cune), 34 séances de pro­ton­thérapie à l’institut spé­cial­isé Curie, à Orsay, dans l’Essonne (une séance par jour, 5 jours sur 7 pen­dant 6 semaines) suivi d’un cycle de chimio d’entretien (une injec­tion par semaine et une prise par voie orale chaque jour pen­dant 6 mois). Bien évidem­ment, tout cela demande une sacrée organ­i­sa­tion ! « Quand il a dû aller à Orsay pour sa pro­ton­thérapie, on par­tait en VSL (véhicule san­i­taire léger) tous les deux le lun­di matin. Nous avons pu financer un loge­ment en dehors de Paris, « au vert », grâce à une cagnotte lancée par un mem­bre du con­seil munic­i­pal de notre com­mune. Cette immense élan de sol­i­dar­ité nous a beau­coup touchés !».

Une équipe qui gagne

Emi­lie est fière de son petit « jedi » par­ti­c­ulière­ment courageux ! « Dans l’ensemble, il a bien sup­porté les traite­ments mais il n’aime pas en par­ler : c’est son jardin secret. Dès qu’il arrivait à l’hôpital, il se fer­mait ». Mais la présence de Trait d’Union1, une asso­ci­a­tion qui œuvre en faveur des enfants atteints de can­cer, a per­mis d’adoucir les séjours du petit bon­homme. En plus de pro­pos­er des jeux ou des soins de sup­port aux enfants, un arbre de Noël, elle offre des petits déje­uners aux par­ents et leur per­met de se retrou­ver dans un espace rien que pour eux. « Ça fait vrai­ment du bien », recon­naît-elle. Même s’il y a eu des moments dif­fi­ciles, il y a eu beau­coup d’émotions aus­si : « Comme ce jour où le par­rain de Loïc lui a rasé la tête, avant de se ras­er le crâne à son tour », se sou­vient Emi­lie. Ou ce fameux match de foot auquel Loïc a pu assis­ter à Paris grâce à l’association Petits Princes2, si fier de faire son entrée sur le stade avec les joueurs. Les pique-niques avec les autres par­ents de l’association Trait d’union, les séjours au camping…

Aujourd’hui, la vie a repris son cours. Ryth­mée par des ren­dez-vous de con­trôle qui s’espacent de plus en plus : une IRM tous les 4 mois, une radio des poumons et un suivi en néphrolo­gie. « On a franchi un cap », se réjouit Emi­lie qui ne s’inquiète plus autant qu’avant au moin­dre symp­tôme.  Ayant la chance de vivre à la cam­pagne, Loïc peut se dépenser et prof­iter du bon air. Il passe de longs moments à câlin­er les ani­maux : chien, chat, poules et même un cochon d’Inde. Il adore faire du vélo, jouer au foot, et les loisirs créat­ifs avec sa petite sœur Miya. Il aime aus­si jouer à l’apprenti menuisi­er avec son papa ! Seule ombre au tableau, sa sco­lar­ité. « Loïc est dans une classe ULIS3 car il a des dif­fi­cultés sco­laires », pré­cise Emi­lie. Il a dû arrêter l’école pen­dant les traite­ments… Aujourd’hui, on s’inquiète un peu pour lui… Il n’a pas acquis la lec­ture, l’écriture, le cal­cul… Je me bagarre pour qu’il fasse une IRM fonc­tion­nelle du cerveau pour voir si ce n’est pas lié à la local­i­sa­tion de sa tumeur ou aux traite­ments ». Forte de son par­cours, cette « mère-veilleuse » compte aujourd’hui sur son réseau, et sur la sol­i­dar­ité, pour aider à son tour l’association Trait d’union.

Pro­pos recueil­lis par Céline Dufranc

1 Trait d’union

2 www.petitsprinces.com

3Unités Local­isées pour l’In­clu­sion Scolaire

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