En mai 2024, Maxime LEBLANC, président de l’association Vagabonds, débutera une marche de 3 000 kilomètres à travers la France. Sur certaines étapes, il sera accompagné de patients atteints de cancer ou en rémission, comme Laure Roulle, fondatrice de l’association NO TABOO et membre du collectif Demain sans HPV, Sabrina Le Bars et Caroline Baillemand bénévoles au sein de l’association CORASSO.
Quel est l’objectif du projet Vagabonds ?
Marcher contre le cancer et donner de l’espoir. La marche étant l’activité physique adaptée par excellence, appelant à l’introspection mais aussi au partage, l’aventure Vagabonds propose aux participants de “prendre la tangente” temporairement, de sortir du chemin dans lequel ils peuvent se sentir emprisonnés depuis le diagnostic. Cette aventure, parrainée par l’aventurier Rémi Camus, mettra les parcours de chacun des 18 participants en lumière. Nous voulons montrer au plus grand nombre que ces hommes et ces femmes ne se résument pas seulement à la maladie contre laquelle ils luttent (ou ont lutté). Bien évidemment, c’est aussi un moyen de mettre en avant les bénéfices de l’activité physique adaptée, qui diminue de 30 à 40 % le risque d’avoir un cancer et réduit le risque de rechute.
Pourquoi ce nom, Vagabonds ?
C’est un peu mon état d’esprit. Depuis tout petit, je suis très curieux. J’aime la nature, voyager, randonner, aller vers l’autre, mon appareil photo en bandoulière. Et dès que je peux, je prends la tangente !
Comment l’idée vous est venue ?
Passionné par le sport, je me suis orienté dans le domaine de la préparation physique en sortant de ma Licence STAPS, avant de devenir diététicien. Profession que j’exerce dans une clinique de soins de suite et de réadaptation en région parisienne, à Viry-Châtillon. En contact direct avec les patients, ce qu’ils vivent est parfois très dur. Alors au-delà de mes activités professionnelles, mes trois passions, la photographie, la randonnée et le bivouac aux quatre coins du monde, m’ont donné envie de faire une marche contre le cancer pour récolter des fonds. L’oncologue avec lequel je travaille m’a dit : « pourquoi tu n’emmènes pas les patients avec toi » ? C’était évident ! Depuis, j’y pense tous les jours et je m’y prépare depuis janvier 2021. Cela me fait vibrer !
Comment cela va se dérouler ?
Cette traversée de la France, l’hexatrek, qui se déroulera sur six mois, ira de Wissembourg, à la frontière allemande, jusqu’à Hendaye, soit 3 034 km et 136 000 mètres en dénivelé, à travers les chaînes de montagnes. Ce n’est ni une course ni une compétition. Les étapes des participants seront définies au cas par cas, en fonction du niveau de chacun. Nous ferons en moyenne entre 15 et 30 km par jour durant deux à quatre jours, selon leur niveau.
Comment se préparent les participants ?
Trois EAPA (Enseignants en Activité Physique Adaptée) de la clinique dans laquelle je travaille ont élaboré un programme de renforcement musculaire et cardio pour eux. J’ai aussi créé un groupe WhatsApp pour les participants. C’est un plaisir de les voir s’encourager entre eux. Ils échangent des tuyaux sur le matériel. Ils savent qu’ils vont sortir de leur zone de confort. Certains n’ont jamais fait de bivouac. Dormir dehors est un véritable challenge. Je rencontre chacun d’eux longuement en visio. Cette marche est bien plus qu’une marche : c’est un accomplissement. Un moyen de se retrouver avec soi-même. De se recentrer sur sa vie.
Vous avez lancé une cagnotte1 sur la plateforme HelloAsso : à quoi servira-t-elle ?
À couvrir certains frais de fonctionnement, transport, matériel… et, je l’espère, à financer la réalisation d’un documentaire pour partager cette aventure humaine avec le plus grand nombre.
Propos recueillis par Céline DUFRANC
Instagram : @aventurevagabonds
1https://www.helloasso.com/associations/association-vagabonds/collectes/aventure-vagabonds
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TÉMOIGNAGE – LAURE ROULLE
« Participer à Vagabonds me donne des ailes ! »
Laure Roulle, fondatrice de No Taboo, association dont le but est d’informer, de sensibiliser aux HPV et aux cancers induits, a des fourmis dans les jambes : dans 5 mois, elle participera à l’aventure Vagabonds.
Qu’est-ce qui vous motive pour participer à cette belle aventure ?
La motivation est multiple. À l’annonce du cancer1, et donc à l’idée qu’un décès était possible, j’ai fait le point sur ce que je rêvais de faire. Un de mes souhaits était de faire un GR (sentier de grande randonnée). L’autre motivation, c’est de montrer l’importance de la marche, pas seulement en prévention de la maladie mais aussi pendant et après. Enfin, c’est l’opportunité de parler des cancers HPV et de lever les tabous.
Êtes-vous plutôt sportive ou est-ce un gros challenge pour vous ?
Je suis sportive sans… être une très grande sportive ! Je pratique la danse, le pilates, la marche. J’ai eu la chance d’être suivie dans un hôpital où un donateur avait offert un tapis de course et un vélo d’appartement. Lors de mes chimios, je me rendais dans cet espace pour marcher sur le tapis ou pédaler en regardant une série sur Netflix. Je courais déjà avant la maladie. Je m’y suis remise doucement. Car les traitements ont laissé des traces. Mon plancher pelvien a subi 35 séances de radiothérapie. Je suis donc encore suivie par un kinésithérapeute pour lutter contre la raideur de mes muscles et travailler l’assouplissement des tissus. Plus je mets mon corps en mouvement, mieux je me sens. La vie, c’est le mouvement ! Moralement, cela m’a beaucoup aidée.
Comment vous préparez-vous physiquement et mentalement ?
Je marche régulièrement. J’ai fait plus de 10 600 pas par jour en 2023. Je reste donc sur cette tendance et j’ai prévu de suivre le programme d’entraînement de Vagabonds. Je me suis acheté des chaussures de randonnée et je m’entraîne à marcher avec mon sac à dos que je remplis un peu plus chaque jour. Mentalement, je me sens bien. Je suis tellement contente de participer à ce challenge !
Savez-vous à quelle étape vous participerez ?
Rien n’est figé, cela dépendra de l’avancée de l’aventure. Mais normalement je devrais marcher du 13 au 15 août dans les gorges du Tarn et le parc naturel des grands Causses. J’ai vraiment hâte d’y être !
1 cancer anal dû au papillomavirus HPV