La radiothérapie, ou la chirurgie, parfois même l’évolution locale de la tumeur, peuvent limiter l’ouverture buccale à cause de la perte de l’élasticité des muscles masticateurs, qui ont tendance à se raidir. Ce déficit d’ouverture buccale (ouverture de la bouche inférieure à 35 m), appelé « trismus », peut gêner l’élocution, l’alimentation et les soins dentaires. Pour l’atténuer, il faut donc entretenir la souplesse des muscles avec les exercices quotidiens conseillés par l’orthophoniste. Certains médecins prescrivent en complément le système TheraBite. 100% pris en charge pour les patients qui ont eu ou vont avoir des rayons, ce dispositif médical permet de venir étirer de manière à la fois mécanique et passive les muscles masticateurs. A condition de l’utiliser 2 min30, 5 fois par jour, il permet d’augmenter l’ouverture de la mâchoire, de mobiliser les articulations et de réduire l’inflammation et la douleur. Pour savoir si l’on peut l’utiliser sans risque, il faut d’abord s’assurer auprès du dentiste et/ou de l’ORL référent qu’il n’y a pas de contre-indication à sa mise en place. En effet, le TheraBite peut fragiliser les dents (il nécessite donc un bon état dentaire) et représente également un risque de fractures mandibulaires dans de rares cas comme chez les patients ayant de l’ostéoradionécrose (cela nécessite donc une vérification de l’état de la mâchoire en cas de doute).
Autre piste, la kinésithérapie en préventif. Depuis 2016, Kerstin Faravel, kinésithérapeute à l’Institut du Cancer à Montpellier, mène une étude avec 45 patients pour savoir si un programme quotidien d’exercices* de kinésithérapie, essentiellement des grimaces, débuté précocément, juste après la chirurgie, pourrait avoir un impact sur le trismus qui touche environ 30% des patients traités par radiochimiothérapie. Les résultats de cette étude multicentrique interventionnelle, très encourageants, devraient être confirmés dans un an. A suivre, donc.
*Il s’agit de 7 exercices à faire 5 à 10 fois chacun, une fois par jour.
Propos recueillis par Céline DUFRANC