Votre maladie a réduit votre capacité de travail ? Cette fiche, rédigée avec la collaboration de deux assistantes sociales, vous guide pour savoir comment et à quelles conditions bénéficier le moment venu d’une pension d’invalidité.
Pendant vos traitements, comme un grand nombre de patients, vous avez certainement eu un arrêt de travail et reçu des indemnités journalières pour maladie : de 6 mois à 3 ans maximum. Ensuite, pour une reprise en douceur, et avec l’accord du médecin-conseil de votre Caisse d’Assurance Maladie (CPAM), vous avez peut-être bénéficié d’un temps partiel thérapeutique. Mais au moment de la reprise à temps plein, c’est la douche froide : vous vous rendez compte que vous ne pouvez plus exercer votre activité « comme avant ». L’Assurance Maladie peut alors verser, sous certaines conditions, une pension d’invalidité qui permet de compenser en partie la perte de revenus jusqu’à la retraite.
Les conditions pour y postuler
- Ne pas avoir atteint l’âge légal de départ à la retraite,
- Avoir une capacité de travail ou de revenus réduite d’au moins deux tiers (cela signifie que vous ne pouvez plus exercer qu’un tiers de votre activité précédente ou que vos revenus ont diminué d’au moins 66 % en raison de votre état de santé),
- Être assuré(e) social depuis au moins 12 mois,
- Avoir cotisé ou avoir travaillé un nombre d’heures suffisant si vous êtes salarié(e),
- Avoir suffisamment cotisé si vous êtes travailleur indépendant.
Si vous êtes salarié(e), pensez à solliciter votre médecin du travail pour évaluer l’impact de votre état de santé sur votre situation professionnelle.
Si vous êtes travailleur indépendant, vous pouvez consulter votre médecin traitant ou un médecin-conseil de votre caisse d’assurance maladie pour évaluer l’impact de votre état de santé sur votre activité.
Les démarches à accomplir
- Si vous êtes en arrêt de travail : C’est le médecin-conseil qui appréciera votre état de santé et pourra vous permettre de bénéficier d’une pension d’invalidité de l’Assurance Maladie.
- Si vous n’êtes pas en arrêt de travail : La demande de pension d’invalidité peut être faite à votre initiative, sur les recommandations de votre médecin traitant. Vous serez ensuite convoqué(e) par le médecin-conseil de votre caisse d’Assurance Maladie.
Bon à savoir : Cette démarche est également possible en ligne, sur la version web de votre compte Ameli, dans la rubrique « Mes démarches » (formulaire S4150). Les salariés ayant plusieurs employeurs font toutefois exception et doivent continuer à utiliser la version papier.
La notification de décision
Après avoir réceptionné votre dossier, votre caisse primaire d’assurance maladie dispose d’un délai de 2 mois pour l’étudier et vous faire part de sa décision.
2 situations peuvent se présenter :
- Votre CPAM vous informe de son accord : Elle vous envoie alors un titre de pension d’invalidité et une notification d’attribution qui précise la catégorie et le montant brut annuel et mensuel de votre pension ainsi que les éléments pris en compte pour le calcul : votre catégorie d’invalidité, le taux de calcul selon votre catégorie d’invalidité et votre salaire/revenu annuel moyen (calculé à partir des 10 meilleures années d’activité). Vous devrez ensuite mettre votre Carte Vitale à jour.
- votre CPAM vous informe de son refus : Elle vous indique les voies de recours si vous souhaitez contester la décision.
Bon à savoir : Votre pension d’invalidité est soumise à l’impôt sur le revenu, sauf la majoration pour tierce personne et l’allocation supplémentaire d’invalidité (ASI), qui ne sont pas imposables. La majoration pour tierce personne (MTP) est une somme supplémentaire versée aux bénéficiaires d’une pension d’invalidité de 3ᵉ catégorie qui ont besoin de l’aide d’une autre personne pour accomplir les actes essentiels de la vie quotidienne (se laver, s’habiller, se nourrir, etc.).
Le calcul du montant de votre pension d’invalidité
Il dépend de votre catégorie : celle-ci est déterminée par rapport à votre état de santé et à votre capacité à pouvoir travailler. Quelle que soit la catégorie qui vous est attribuée, la reprise d’une activité professionnelle est possible.

Salaire Annuel Moyen de Base par catégorie au 1er janvier 2024 : calcul de la pension d’invalidité

Bon à savoir : Une Carte de mobilité inclusion mention invalidité peut être attribuée par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) sous certaines conditions (pension d’invalidité de 3ème catégorie ou taux d’incapacité permanente de 80 % ou plus) et en fonction du handicap. Elle donne droit à certains avantages et facilite la vie au quotidien : avantages fiscaux, places réservées dans les transports en commun ou sur les parkings, coupe-file…).
La reprise du travail
Cumuler travail et invalidité
Ce « statut » vous offre la possibilité de continuer à travailler si vous le souhaitez, avec l’accord de votre médecin et du médecin du travail, quelle que soit votre catégorie. Vous pourrez ainsi cumuler les revenus d’une activité à temps partiel avec votre pension d’invalidité. Pour cela, il est nécessaire de demander à votre caisse par écrit le calcul de votre salaire de comparaison (montant à ne pas dépasser lorsqu’il y a une activité salariée pour pouvoir cumuler salaire et pension d’invalidité).
Changer d’emploi
Si votre invalidité ne vous permet plus d’exercer le même métier qu’avant, 2 solutions s’offrent à vous :
- Un autre emploi vous correspondant est possible dans votre entreprise : le médecin du travail sollicite votre employeur pour un changement ou une adaptation de poste ;
- Aucun emploi ne vous correspond dans votre entreprise : vous pouvez solliciter Cap emploi, France Travail (ex-Pôle emploi), ou encore la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) pour qu’ils vous accompagnent dans vos démarches. Des associations telles que La Niaque, peuvent également vous soutenir dans cette démarche.
Bon à savoir : Si vous ne pouvez plus exercer d’activité́ ou que vous avez été licencié(e) en raison de votre invalidité, vous pouvez bénéficier de l’allocation chômage, sous conditions de cotisations (renseignez-vous auprès de France Travail (ex-Pôle emploi)).
L’avis des pros
« Il y a des à priori sur le terme « invalidité », plutôt stigmatisant alors que ce n’est pas vraiment un statut. Encore moins une incapacité physique proprement dite, ni l’incapacité par rapport à une profession donnée. Il s’agit d’une réduction de la capacité de travail d’au moins 2/3 (66%) à cause de la maladie et de ses traitements ».
Jeanne LONGET, membre du Conseil d’Administration de l’AFSOS et du Comité de démocratie sanitaire de l’INCa.
« Cette reconnaissance de l’invalidité pourra être modifiée ou supprimée en fonction de l’évolution de votre état général. Lorsque vous atteindrez l’âge de la retraite, cette aide sera remplacée automatiquement par la pension de retraite pour inaptitude. Il s’agit de la retraite au taux max de 50% à 62 ans. ».
Sylvie BOSSY-ALTEMIR, assistante sociale à la Caisse régionale d’assurance maladie d’Ile-de-France
Bon à savoir : Les sites des différentes caisses d’Assurance maladie :
- Le régime général : www.ameli.fr
- Le régime agricole : www.msa.fr
- La Sécurité sociale des indépendants (ex RSI) : https://www.secu-independants.fr/
Pour en savoir plus : n’hésitez pas à composer le 36 46
Fiche d’information réalisée par Céline Dufranc (journaliste) avec la collaboration de Jeanne Longet (assistante sociale, Coordination sociale & parcours après-cancer, IRFC- Institut Régional Fédératif du Cancer à Besançon) et Sylvie Bossy-Altemir (assistante sociale à la Caisse régionale d’assurance maladie d’Ile-de-France).