Vers un retour à l’emploi accompagné et bienveillant, après le cancer

Construire une société plus résiliente, dans laquelle la reprise du travail après un cancer ou une maladie chronique ne serait plus un tabou ou une épreuve mais une étape préparée et valorisée… tel est l’objectif de « Le Jour d’Après ». Le point avec Aina Ramboaniaina, présidente de l’antenne parisienne de l’association.
Quelles sont les missions et les engagements de votre association ?
Le Jour d’Après a été créé en octobre 2015 à Montpellier par Esméralda Vérolme et Christophe Grotti, coachs professionnels en santé et travail. Elle est née d’un constat fort : les personnes confrontées à la maladie – cancer, pathologies chroniques, accidents de la vie – ont plus que jamais besoin d’être accompagnées en matière de maintien et de retour dans l’emploi.
Notre objectif n’est pas uniquement d’aider la personne à mettre en valeur ses compétences ou à mieux connaître ses besoins et ses attentes professionnelles après la maladie. Nous proposons un accompagnement humain et global de la personne. L’idée étant de lui permettre de redonner du sens à sa vie, de recréer des repères. Nous l’aidons à retrouver sa juste place, dans le respect de ses capacités et aspirations. Nous proposons ainsi une véritable reconstruction identitaire.
Pour cela, l’association s’appuie notamment sur la bonne volonté et l’implication de bénévoles : ils constituent la force majeure de notre association et apportent une contribution à la société en mettant en pratique le principe de la solidarité. Nous mettons un point d’honneur à garantir la confidentialité : nous divulguons des informations sur les adhérents, les bénévoles, les salariés, ou les partenaires de l’association que si ceux-ci donnent leur accord. Nous garantissons également un écoute bienveillante et accueillons toute personne dans le non jugement et dans une posture d’ouverture.
Aujourd’hui, notre association s’est déployée à Paris, Montpellier, Lyon et Nîmes et elle est accessible à tous les personnes résidant en France, via des ateliers d’accompagnement proposés en distanciel.
Quels sont les enjeux et les problématiques auxquelles sont confrontées les personnes ayant un cancer pendant et après la maladie ?
Les personnes que nous accueillons au sein de l’association témoignent de leurs difficultés fréquentes : elles se sentent souvent seules, en perte de repères ; elles ne savent pas vers qui se tourner pour retrouver du sens dans leur travail. Le cancer et les traitements les ont fragilisés et transformés : leurs aspirations personnelles et professionnelles ne sont plus tout à fait les mêmes qu’avant la maladie. Elles se posent de nombreuses questions. Certaines ont peur de retourner dans l’emploi, elles pensent qu’elles n’y arriveront pas. Elles n’ont plus confiance en elles. D’autres se sentent incomprises dans ce qu’elles vivent. Leurs priorités ont changé. Elles ne souhaitent plus vivre comme avant. Certaines personnes cherchent l’aide pour retrouver un emploi auprès de l’équipe pluridisciplinaire qui les suit (assistante sociale, notamment) ou via Internet et les réseaux sociaux. Mais ces ressources ne les aident pas toujours à trouver des réponses concrètes à leurs questions ou à retrouver une place qui leur convienne au sein de la société.
Comment votre association accompagne t‑elle les personnes touchées par la maladie qui souhaitent renouer avec le monde du travail ?
Le Jour d’Après s’adresse à toutes les personnes ayant eu un cancer en fin en traitement de chimiothérapie, pendant ou après la radiothérapie ou l’hormonothérapie. Depuis plus de 8 ans, l’association accompagne des personnes touchées par un cancer pour anticiper le retour et le maintien dans l’emploi.
Le programme d’accompagnement Co-Résilience a fait l’objet d’une étude scientifique inédite baptisée « Visibilité », menée conjointement par l’association Le Jour d’Après et l’Institut du Cancer de Montpellier (ICM). Il s’agit d’une première mondiale.
Conçu et animé par Esmeralda Vérolme et Christophe Grotti, fondateurs de l’association et coachs certifiés en santé et travail, ce programme propose un accompagnement individuel ou en petit groupe (jusqu’à 6 participants), en présentiel à Paris, Lyon, Nîmes et Montpellier, ou à distance partout en France. Cet accompagnement a pour objectif de favoriser la reconstruction identitaire de la personne par le biais d’ateliers proposant les thématiques suivantes : sortir de l’isolement ; retrouver l’envie ; retrouver sa confiance ; maintenir son emploi ; identifier son projet professionnel… Co-Résilience est un processus de réflexion et de créativité pour maximiser le potentiel personnel et professionnel de chaque personne.
Les ateliers de groupe mêlent échanges entre les personnes et avec le coach et exercices pratiques en lien avec la thématique abordée. D’autres exercices sont ensuite proposés afin d’approfondir le travail sur soi : chacun doit les effectuer chez soi pour progresser. Outre l’accompagnement du coach, l’écoute bienveillante et le partage d’expériences entre les personnes est très riche.
Concrètement, comment peut-on bénéficier du suivi pour le maintien et le retour à l’emploi qui est proposé par Le Jour d’Après ?
Cela s’effectue via le site Internet https://www.lejourdapres.org Après avoir rempli le formulaire d’inscription, un bénévole de l’association contacte la personne pour prendre connaissance de son parcours de santé ; lui donne des informations sur l’association et ses actions. Elle évalue aussi les possibilités d’accompagnement. Parfois, il est trop tôt pour bénéficier d’un suivi : la personne est encore en cours de traitement, elle est fatiguée ou n’est pas disposée d’un point de vue psychologique. Ce n’est pas un problème car elle peut solliciter à nouveau l’association plus tard, quand elle sera vraiment prête : elle sera toujours bien accueillie !
Quelles sont les autres actions proposées par votre association ?
Nous proposons une plateforme d’écoute « Maladie et travail » accessible depuis le site Internet de l’association. À ce jour, plus de 1 200 personnes ont été conseillées par les bénévoles de l’association. Nous répondons à de nombreuses interrogations et notamment aux questionnements des personnes sur leur devenir, sur les moyens de sortir de l’isolement, de revoir les priorités de vie. Nous les guidons d’un point de vue juridique (droit du travail) et les accompagnons dans leurs démarches : France Travail, Cap Emploi, reconnaissance du statut d’affection de longue durée (ALD) ou reconnaissance en qualité de travailleur handicapé (RQTH). Nous menons également des actions de sensibilisation à l’importance de « l’après » maladie en entreprise, dans les instituts, auprès des patients et des associations.
Propos recueillis par Hélia Prévot