Société Française de Carcinologie Cervico-Faciale
Au carrefour de plusieurs spécialités médicales et chirurgicales, la Société Française de Carcinologie Cervico-Faciale (SFCCF) fédère les experts engagés dans la lutte contre les cancers de la tête et du cou. Véritable pilier de cette discipline, elle œuvre à faire progresser les traitements, à représenter la cancérologie cervico-faciale sur la scène nationale et à former les générations actuelles et futures de praticiens. Le point avec le Pr. Nicolas Fakhry, vice-président de la SFCCF.
Une organisation multidisciplinaire

Fondée en 1964 par Yves Redon et Jean Leroux Robert, la SFCCF rassemble les professionnels impliqués dans la prise en charge des cancers tête et cou : chirurgiens ORL, chirurgiens maxillo-faciaux, oncologues, radiothérapeutes, radiologues, anatomopathologistes, dentistes, chercheurs, psychologues, orthophonistes ou encore infirmiers spécialisés. « Notre objectif est de partager nos connaissances en carcinologie cervico-faciale de façon continue et pérenne, pour faire avancer la science dans ce domaine », indique le Pr Nicolas Fakhry, vice-président de la SFCCF.
La société est structurée autour d’un bureau et d’un conseil d’administration composés de spécialistes issus de différentes disciplines chirurgicales et médicales. Elle travaille en lien étroit avec d’autres sociétés savantes nationales telles que la SFORL (Société Française d’Oto-Rhino-Laryngologie et de chirurgie de la face et du cou ) et la SFRO (Société Française de Radiothérapie Oncologique). Mais aussi, avec les sociétés savantes internationales — notamment l’EHNS (European Head and Neck Society) — afin d’harmoniser les pratiques, d’avoir une forte représentativité au niveau des instances et de contribuer à l’élaboration de recommandations de bonnes pratiques cliniques. De fait, la SFCCF publie régulièrement des travaux, recommandations et communications scientifiques, accessibles au plus grand nombre.
Les missions principales de la SFCCF
L’objectif principal de la SFCCF est de favoriser le progrès scientifique et médical dans le domaine de la carcinologie cervico-faciale. Elle œuvre à :
- Promouvoir la recherche en cancérologie cervico-faciale, en lien avec les autres sociétés savantes nationales : réalisation et publication d’enquêtes sur les pratiques médicales, collaborations avec les groupes de recherche nationaux comme le GETTEC (Groupe d’Etude des Tumeurs de la Tête et du Cou) ou le REFCOR (Réseau d’Expertise Français sur les cancers ORL Rares). « La SFCCF participe également aux travaux de recherche européens par le biais de la EHNS », précise le Pr Fakhry ;
- Diffuser des connaissances sur les cancers de la tête et du cou auprès des professionnels de santé et du grand public : sessions de formation lors des congrès, newsletters, collaboration avec les associations de patients comme Corasso ;
- Améliorer la qualité de la prise en charge des patients, du diagnostic à la réhabilitation, en favorisant les échanges et le partage d’expérience et de connaissances entre les professionnels de santé impliqués en cancérologie ;
- Encourager la formation des jeunes praticiens, en particulier les futurs cancérologues ORL : sessions de formation, simulation chirurgicale, remise d’une bourse de recherche et d’un prix de thèse chaque année ;
- Faciliter les échanges interdisciplinaires, indispensables à une approche globale de ces cancers complexes ;
- Représenter la discipline auprès des instances médicales et scientifiques nationales et européennes ;
- Contribuer aux décisions de santé publique en coordination avec la SFORL.
Enfin, la SFCCF organise, chaque année, son propre congrès national.
Le congrès de la SFCCF
Chaque année, la SFCCF organise un congrès national rassemblant plusieurs centaines de participants : médecins, chercheurs, paramédicaux et industriels du secteur.
Ce rendez-vous scientifique est un temps fort d’échanges, de formation et de partage d’expériences. Il permet de faire le point sur les avancées diagnostiques et thérapeutiques, d’aborder les enjeux de la qualité de vie, de la réhabilitation et du suivi post-traitement. Le programme est composé de communications orales sélectionnées en amont du congrès par le comité scientifique, de mises au point et de symposiums parrainés.
« Notre congrès national est un temps fort de l’année. Il permet de rassembler tous les acteurs en un même lieu pour échanger, discuter des projets, en lancer de nouveaux et présenter les résultats des travaux menés. C’est un moment très fédérateur : un véritable incubateur d’idées où les relations se tissent, où l’on partage les connaissances et où naissent souvent des études multicentriques », précise le Pr Fakhry.
Cette année, le congrès a mis à l’honneur deux grandes thématiques au cœur des évolutions actuelles de la discipline : la récidive des cancers tête et cou et les adénopathies cervicales prévalentes.
1. La récidive : mieux comprendre, mieux traiter, mieux accompagner
La prise en charge des récidives représente aujourd’hui un enjeu majeur en cancérologie cervico-faciale. Les avancées scientifiques et thérapeutiques de ces dernières années ouvrent de nouvelles perspectives, tant sur le plan chirurgical que médical. Les sessions du congrès ont abordé l’ensemble des dimensions de ce thème :
- La chirurgie de rattrapage et la reconstruction, avec les progrès techniques permettant d’améliorer la qualité de vie et les résultats fonctionnels ;
- Les traitements d’oncologie médicale, en pleine mutation : agents cytotoxiques, thérapies ciblées, immunothérapie, mais aussi les nouvelles approches de vaccination thérapeutique et les anticorps conjugués, en plein essor ;
- La radiothérapie, avec les stratégies de ré-irradiation et les innovations dans les techniques d’irradiation de précision.
Mais la récidive ne se résume pas à un enjeu technique. Une place importante a été donnée à la prise en charge globale du patient : réhabilitation accélérée après chirurgie, accompagnement nutritionnel, gestion de la douleur, soins oncologiques de support et qualité de vie.
Ce thème reflète la dynamique d’évolution rapide du domaine : la cancérologie cervico-faciale bouge, progresse, s’enrichit de nouvelles connaissances et d’une approche de plus en plus personnalisée.
2. Les adénopathies cervicales prévalentes : nouvelles approches et partages de pratiques
Le second grand thème du congrès a porté sur les adénopathies cervicales prévalentes, sujet au carrefour du diagnostic, de la recherche et de la thérapeutique.
Ont été abordés notamment :
- Les progrès de la chirurgie robotique, qui permettent une exploration plus fine et moins invasive dans la recherche de la tumeur primitive ;
- Les stratégies diagnostiques et thérapeutiques actualisées, intégrant les connaissances sur les virus oncogènes HPV et EBV, désormais incontournables dans la compréhension et la prise en charge des cancers ORL ;
- Les nouvelles orientations en radiothérapie, adaptées à ces situations complexes.
Le programme a reposé sur un échange scientifique nourri, fidèle à l’esprit du congrès : communications orales sélectionnées par le comité scientifique, présentations de séries de cas, études issues du GETTEC, discussions critiques et débats permettant de faire progresser la pratique collective. Les mises au point ont fait le bilan de l’état de l’art en 2025 : prise en charge d’une adénopathie cervicale, séquences de ré-irradiation et données récentes issues de la recherche clinique et translationnelle.
Une nouvelle session « Actualités, recherche et innovation » a également fait son apparition cette année, offrant un espace d’expression aux équipes et chercheurs développant des projets à fort impact pour les cancers ORL.
« Si nous parvenons à dégager un bénéfice grâce au congrès, une partie de cette somme sera reversée à la campagne Rouge-Gorge qui sensibilise le grand public aux cancers tête et cou », souligne le Pr Fakhry.
3. Corasso au congrès de la SFCCF : le projet ORigineL
Cette année, lors du congrès de la SFCCF, Sabrina Le Bars, présidente de l’association de patients Corasso, est intervenue pour présenter le projet de recherche ORigineL, intitulé : « Mieux diagnostiquer pour mieux soigner les cancers ORL ». « Il s’agit d’un projet de recherche dont Corasso est à l’origine. Nous travaillons avec l’Inserm, Seintinelles et des professionnels de santé impliqués dans la prise en charge de ces cancers. Avec ORigineL, nous voulons mesurer l’errance diagnostique en cancérologie ORL, ainsi que son impact sur le parcours de soins et sur la qualité de vie des patients et de leurs proches. L’objectif est d’identifier les déterminants de ce retard afin de proposer des actions à mettre en place pour un diagnostic plus efficace », affirme Sabrina Le Bars.

» Découvrir notre article consacré à l’errance diagnostique
Les principaux projets de la SFCCF pour l’avenir
La SFCCF est toujours en mouvement. « Parmi les prochaines échéances, nous allons notamment préparer les sessions (tables rondes, symposiums, ateliers de formation médicale) dédiées à la cancérologie lors du congrès de la SFORL (Paris, octobre 2026) ; le congrès de la SFCCF qui aura lieu à Bordeaux en 2026. Mais aussi, le congrès Européen de cancérologie tête et cou (ECHNO – European Congress on Head and Neck Oncology) puisque la SFCCF a été désignée pour l’organiser à Marseille en 2029 » conclut le Pr Fakhry.
En résumé
Véritable référence dans son domaine, la SFCCF œuvre à faire progresser la recherche, la formation et la qualité des soins. Sa force : une approche pluridisciplinaire rassemblant chirurgiens, oncologues, radiothérapeutes, chercheurs et soignants autour d’un même objectif : mieux diagnostiquer, mieux traiter, mieux accompagner. À travers ses publications, formations et congrès nationaux, la SFCCF fait rayonner l’excellence française en cancérologie cervico-faciale, tout en préparant la relève d’une discipline en pleine évolution.
Propos recueillis par Hélia Prévot





