« L’essentiel, c’est de participer ! »
Responsable de la section “Rugby Santé, Cancers et Autres Pathologies” du Rugby Club Val de Bièvre, Catherine Terrade a à cœur de faire partager sa passion de l’ovalie au plus grand nombre. Coup de projecteur.

Qu’est-ce qui vous a motivé pour vous engager dans l’accompagnement des patients à travers le rugby ?
Le rugby, je baigne dedans depuis longtemps ! À 14 ans, j’allais voir mon frère Franck et mon futur mari jouer dans la première équipe de l’école de Rugby de l’Union sportive de Villejuif. Ensuite, cela a été le tour de mes deux garçons, inscrits dans le même club. Mais je n’imaginais pas que je jouerai un jour. Ayant été touchée par un cancer du sein à deux reprises, j’ai vu une affiche sur le rugby santé dans la salle d’attente de Gustave Roussy. Au début, j’avais du mal à m’imaginer pratiquer ce sport, même si je l’appréciais depuis longtemps. Mais j’y suis allée. Edouard, le manager, m’a mis un ballon dans les mains. Il m’a fait un peu courir… Et voilà, c’était parti ! Alors que j’étais encore en traitement d’hormonothérapie.
Avant votre retraite, vous avez bénéficié d’un mécénat de compétence avec l’entreprise pour laquelle vous travailliez, ce qui vous a permis de développer la section ?
Tout à fait. L’objectif était notamment de faire connaître notre section à des partenaires institutionnels, de développer des partenariats, de « recruter » de nouveaux adhérents. Nous avons élargi la section Rugby cancer santé. Aujourd’hui, c’est RSCAP (Rugby Santé, Cancers et Autres Pathologies). Nous accueillons tout le monde, quelle que soit la pathologie : Parkinson, diabète, cancer, AVC, covid long… Un médecin référent assiste aux entraînements chaque fois que possible. Actuellement, il y a 21 femmes pour 5 hommes, dont l’âge varie de 35 à 78 ans. Une 27ème joueuse ne va pas tarder à nous rejoindre.
Comment s’adapte la pratique du rugby pour les patients ayant un cancer ?
C’est un rugby à 5 sans contact, avec 5 joueurs de chaque côté. Il n’y a ni plaquage ni mêlée. On ne plonge pas pour marquer. Le porteur de ballon est arrêté par un joueur de l’équipe adverse qui le touche aux épaules. Nous commençons toujours par un petit échauffement, un déverrouillage articulaire avec l’éducateur sportif. On enchaîne ensuite avec des parcours moteurs, des jeux de passe, en marchant puis en trottinant et on finit par un temps de match. Bien évidemment, des adaptations sont faites pour les patients qui ont des neuropathies ou des curages. Pour eux, c’est plus difficile, alors on travaille le lancer de ballon. Petit à petit, les joueurs retrouvent une certaine fierté et progressent. Ils sont moins fatigués, ils retrouvent une meilleure mobilité, plus de pep’s et de lien social. On n’est pas en compétition. L’objectif, c’est de remettre son corps en mouvement. Chacun va à son rythme. L’essentiel, c’est de participer.
Justement, le rugby est bien connu pour… sa 3ème mi-temps. Qu’en est-il dans votre équipe ?
On s’amuse beaucoup ! Entre les passes et les rires, l’esprit rugby a conquis tous nos joueurs. L’entraînement est devenu un rendez-vous incontournable chaque semaine, le lundi et le jeudi, avec nos coachs, Loïc et Sarah. De 18h30 à 19h30, on se retrouve sur le pré ou sur un espace couvert s’il pleut trop. Entre les joueurs, des liens se sont créés, des liens d’amitié. C’est très fort l’effet groupe, l’esprit rugby. Cela rejoint la devise de notre club : “Notre rugby se conjugue à la première personne du pluriel”.
“Notre rugby se conjugue à la première personne du pluriel”.
Quels projets avez-vous pu mettre en place au sein du club ?
Après avoir organisé des Journées Portes ouvertes en 2021 et 2022, distribué de flyers lors de forums de rentrée, nous avons présenté notre section en septembre 2023 à l’Institut Curie, lors de la journée de sensibilisation à l’activité physique adaptée. Nous avons également participé à l’exposition « Cancer » à la Cité des Sciences. Le 27 avril, la ligue Ile de France rugby organisera un tournoi de rugby santé à Villejuif avec une dizaine d’équipes. Il y aura un repas le midi, un barbecue pour se restaurer. L’occasion pour tous de découvrir cette belle activité !
Comment s’inscrire ?
Pour être licencié FFR “Rugby à 5 santé” il faut un certificat médical de non contre-indication à la pratique ainsi qu’une prescription médicale pour les personnes en ALD (affection longue durée).
Propos recueillis par Céline Dufranc
EN SAVOIR +
Pour connaître les clubs de rugby ayant une section “rugby santé” en France (Site FFR) : https://www.ffr.fr/trouver-un-club-de-rugby/resultats-de-recherche/
>Dans le filtre en haut à droite “type de rugby”, cocher “rugby à 5 – Santé -”
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TÉMOIGNAGE
À 78 ans, Dominique Guibert a rechaussé ses crampons. « Quand j’ai vu l’annonce, j’ai sauté dessus », explique celui qui jouait déjà en 1ère et 3ème ligne à 14 ans. Suivi pour un cancer de la langue et de la gorge en 2022, après de lourds traitements, il se félicite d’avoir retrouvé le terrain : « Tenir un ballon dans les mains et faire une partie des gestes que je faisais autrefois me fait beaucoup de bien. Même si les plaquages me manquent… J’ai conservé une bonne musculature, cela aide ! Grâce à la reprise, je n’ai pas de douleurs ».