Cure thermale

Les cures ther­males peu­vent apporter un soulage­ment face à cer­tains symp­tômes provo­qués par le can­cer lui-même ou par les traite­ments. Sécher­esse buc­cale, cica­tri­ces, inflam­ma­tions au niveau de la gorge… Zoom sur les indi­ca­tions thérapeu­tiques pris­es en charge aux ther­mes de Saint-Ger­vais-les-Bains et sur les dif­férents soins proposés.

Niché au cœur du mas­sif du Mont-Blanc, l’établissement ther­mal de Saint-Ger­vais accueille des curistes depuis près de deux siè­cles. Les espaces de soin ont béné­fi­cié d’une réno­va­tion com­plète en 2018, pour pro­pos­er des infra­struc­tures plus con­fort­a­bles et plus modernes.

Thermes de Saint-Gervais : quelles sont les indications thérapeutiques ?

Il existe en France une cen­taine d’établissements ther­maux, spé­cial­isés dans la prise en charge de cer­taines patholo­gies en fonc­tion des spé­ci­ficités de leur eau thermale. 

Par­mi les ori­en­ta­tions thérapeu­tiques utiles aux patients ayant souf­fert d’un can­cer des voies aérodi­ges­tives supérieures, plusieurs sont intéressantes : 

• l’indication voies res­pi­ra­toires ou VR, pour toutes les séquelles affec­tant la zone ORL (phar­ynx, lar­ynx, sinus, etc.) ;
• l’indication der­ma­tolo­gie, pour atténuer les cica­tri­ces cutanées, les brûlures, les démangeaisons, pour favoris­er la régénéra­tion et l’assouplissement de la peau, pour relancer la micro-cir­cu­la­tion cutanée, etc. ;
• l’indication affec­tion des muqueuses buc­co-lin­guales, pour les symp­tômes au niveau de la bouche et de la langue, notam­ment les inflam­ma­tions provo­quées par les radio­thérapies et chimio­thérapies. 

Les trois ori­en­ta­tions thérapeu­tiques sont pro­posées aux ther­mes de Saint-Ger­vais-les Bains.

Propriétés de l’eau thermale de Saint-Gervais 

Les soins dis­pen­sés en cure s’appuient sur les qual­ités thérapeu­tiques des eaux ther­males. Les dif­férentes sources recen­sées en France pos­sè­dent toutes une com­po­si­tion en minéraux spé­ci­fique, qui leur con­fère des pro­priétés ciblées.

L’eau ther­male employée aux ther­mes de Saint-Ger­vais est puisée à prox­im­ité même de l’établissement, dans un puits foré à plus de 100 mètres de pro­fondeur. Très forte­ment minéral­isée (30 fois plus qu’une eau minérale clas­sique), elle a par­cou­ru dif­férentes strates géologiques pen­dant 6500 ans, avant de réémerg­er à prox­im­ité de la sur­face à une tem­péra­ture de 39°C.

Les minéraux présents : 

• le bore et le man­ganèse : ces deux oligoélé­ments pos­sè­dent des pro­priétés anti-inflam­ma­toires et stim­u­lent la régénéra­tion de la peau ;
• le cal­ci­um : par­ticipe au renou­velle­ment cel­lu­laire et donc à la régénéra­tion cutanée ;
• le stron­tium : réduit les irri­ta­tions, apaise les démangeaisons ;
• le mag­né­si­um : par­ticipe à la restau­ra­tion de la bar­rière cutanée ;
• le sul­fate (con­tenant du soufre) est un puis­sant anti-inflam­ma­toire et par­ticipe à la régénéra­tion des muqueuses.

Les différentes cures thermales et leur déroulé

Les cures dites « con­ven­tion­nées » sont pris­es en charge par l’Assurance mal­adie sur pre­scrip­tion médi­cale. Les soins sont dis­pen­sés pen­dant 18 jours, avec une journée de pause dans la semaine. Comptez donc 3 semaines de cure au total. 

Aux ter­mes de Saint-Ger­vais, il est pos­si­ble de bénéficier :

• soit d’une cure ciblée seule­ment sur l’indication der­ma­tolo­gie ;
• soit d’une cure ciblée sur l’indication voies res­pi­ra­toires (avec pos­si­bil­ité d’ajouter l’indication affec­tion des muqueuses bucco-linguales) ;
• soit d’une cure en dou­ble ori­en­ta­tion : der­ma­tolo­gie + voies res­pi­ra­toires ou der­ma­tolo­gie + muqueuses buc­co-lin­guales.

Il est égale­ment pos­si­ble de choisir des cures plus cour­tes, dites « cures libres », d’une durée et 6 ou 12 jours, avec les mêmes indi­ca­tions. Cepen­dant, ces cures ne béné­fi­cient d’aucune prise en charge par l’Assurance maladie.

Pour les cures con­ven­tion­nées, les frais de trans­port et d’hébergement peu­vent béné­fici­er d’un rem­bourse­ment par­tiel (for­fait de l’Assurance mal­adie en fonc­tion des revenus ou bien par l’intermédiaire des com­plé­men­taires san­té). Pour plus d’informations, voir notre arti­cle : Financer une cure ther­male.

Le pro­gramme des soins est tou­jours per­son­nal­isé, mis au point par un médecin ther­mal lors d’une con­sul­ta­tion oblig­a­toire en début de cure.

Les soins en dermatologie

Plusieurs types de soins peu­vent être pratiqués :

• la cure de bois­son d’eau ther­male : pour béné­fici­er au niveau glob­al de ses bien­faits anti-inflam­ma­toires et revitalisants.
• le bain général (durée 15 min­utes) : le corps est immergé entière­ment dans l’eau ther­male. Les béné­fices : décon­trac­tion grâce à la chaleur, amélio­ra­tion de la cir­cu­la­tion cutanée et de la cica­tri­sa­tion, assou­plisse­ment de la peau, apaise­ment des démangeaisons et des sécheresses.
• la pul­véri­sa­tion générale (durée 15 min­utes) : l’eau ther­male est pul­vérisée sur tout le corps, au moyen de jets fins. Une pul­véri­sa­tion céphalique peut com­pléter ce soin. Béné­fices : apaise les démangeaisons et décon­ges­tionne, la douche crâni­enne favorise la repousse des cheveux en acti­vant la micro-circulation.
• le bain local (durée 10 à 15 min­utes), con­cen­tré sur les mains, les bras et/ou les jambes. L’immersion dans l’eau ther­male est ciblée pour accentuer les effets décon­ges­tion­nants, relax­ants et anti-démangeaisons.
• la pul­véri­sa­tion vis­age (durée 10 à 15 min­utes) : une bru­mi­sa­tion fine et con­tin­ue per­met à l’eau ther­male de bien pénétr­er les tis­sus. Béné­fices : anti-inflam­ma­toire et cicatrisant.
• la douche fil­i­forme (durée 1 à 3 min­utes) est pra­tiquée par un médecin ther­mal. L’eau est pro­jetée de manière très ciblée, à très haute pres­sion, au moyen d’une lance spé­ciale avec des micro-trous pour une pul­véri­sa­tion extrême­ment fine. Béné­fices : assou­plit la peau et les cica­tri­ces, sup­prime les adhérences. 

Les soins pour les voies respiratoires

Les soins qui peu­vent être dispensés :

• la cure de bois­son d’eau ther­male (voir ci-dessus).
• les gar­garismes : pour un net­toy­age doux de la région oro-pharyngée.
• la douche nasale : pour net­toy­er les cav­ités nasales.
• les pul­véri­sa­tions buc­cales (durée 10 min­utes) : elles ciblent, grâce à un jet fil­i­forme, la région de la gorge, des amyg­dales et le pharynx.
• le bol humage (durée 10 min­utes) : l’inhalation de gout­telettes d’eau ther­male favorise l’expectoration des sécrétions.
• l’aérosol sonique (durée 10 à 15 min­utes) : l’inhalation par aérosol asso­ciée à des vibra­tions soniques favorise une meilleure péné­tra­tion pour cibler les bronch­es et les sinus.
• l’insufflation tubaire de gaz sul­fureux (dis­pen­sée par un médecin ORL) : cible les sécré­tions au niveau des sinus et de la trompe d’Eustache (vers l’oreille). Ce soin est des­tiné avant tout aux enfants souf­frant d’otites à répéti­tion et ne con­cerne pas vrai­ment les can­cers de la tête et du cou.
• la méth­ode de Proëtz (pra­tiquée par un médecin ORL) : tech­nique d’aspiration-dépression pour une vidan­ge pro­fonde des sinus de la face.
• la douche pharyn­gée (pra­tiquée par un médecin ORL) : un jet fil­i­forme d’eau ther­male est dirigé au niveau des muqueuses du phar­ynx. Béné­fices : net­toie en douceur la paroi pharyn­gée, apaise les inflam­ma­tions, aide les tis­sus à cicatriser.
• l’émanatorium : vous restez dans une petite salle où l’atmosphère est chargée en eau ther­male et en gaz ther­maux, de manière à respir­er les minéraux bénéfiques.
• la kinésithérapie (si pre­scrip­tion médi­cale sup­plé­men­taire) : des kinésithérapeutes peu­vent pra­ti­quer des tech­niques de réé­d­u­ca­tion respiratoire.

Les soins pour les muqueuses bucco-linguales

Ils sont des­tinés à calmer les états inflam­ma­toires et à soulager les sécher­ess­es buc­cales qui résul­tent de cer­tains traite­ments anti-cancéreux. 

• la douche gin­gi­vale masse toute la bouche (gen­cives, palais, langue…) de manière à net­toy­er, activ­er la micro-cir­cu­la­tion, apais­er les mucites, cica­tris­er les lésions.
• la pul­véri­sa­tion buc­cale, avec une mul­ti­tude de petits jets fins, améliore la sali­va­tion. Elle donc intéres­sante en cas d’hyposialie (manque de salive) ou d’asialie (absence de salive).
• les gar­garismes d’eau ther­male (voir ci-dessus).
• la douche locale de la bouche (pra­tiquée par un médecin ORL) : un jet d’eau ther­male est dirigé au niveau des gen­cives, de manière à stim­uler la micro-cir­cu­la­tion et à ren­forcer les muqueuses.

Les cures complémentaires

Les ther­mes de Saint-Ger­vais-Mont-Blanc pro­posent d’autres pro­grammes, qu’il est pos­si­ble de suiv­re en même temps qu’une cure con­ven­tion­née. Par­mi ceux qui peu­vent s’avérer utiles aux patients ayant souf­fert d’un can­cer ORL, fig­ure le pro­gramme VIVA post-cancer.

Il peut com­pléter une cure con­ven­tion­née en der­ma­tolo­gie ou en dou­ble ori­en­ta­tion der­ma­tolo­gie + muqueuses buc­co-den­taires. Au-delà de l’aspect pure­ment médi­cal, ce pro­gramme vise à favoris­er la récupéra­tion physique et psy­chologique après un can­cer. Son coût (non pris en charge par l’Assurance mal­adie) : 360 €. 

En sup­plé­ment des soins de la cure con­ven­tion­née (env­i­ron 2 heures de soins dis­pen­sés le matin, sur 18 jours), le pro­gramme inclut :

• une con­sul­ta­tion avec un médecin dermatologue ;
• un ate­lier diététique ;
• 3 repas en com­mun avec les autres curistes et l’équipe médicale ;
• un bilan indi­vidu­el avec un coach d’activité physique adap­tée (APA) ;
• 3 séances d’activité physique, en groupe et en plein air, encadrées par un coach APA ;
• un suivi avec le coach APA pen­dant 3 mois après la cure ;
• 5 séances indi­vidu­elles à l’espace bien-être des ther­mes, les Bains du Mont-Blanc ;
• un soin vis­age « éclat » à l’espace bien-être des thermes.

Témoignage patient

Témoignage d’Eri­ka, août 2023 :

« J’ai trou­vé les ther­mes de Saint Ger­vais Mont Blanc et quel bon­heur ! Le cadre est mag­nifique et il y a pleins de choses à faire.

Il y a ser­vice ORL qui s’oc­cupe des infec­tions des muqueuses buc­cales. Et hon­nête­ment, en milieu de cure, je voy­ais déjà très net­te­ment la dif­férence aus­si bien sur ma peau au niveau des rayons de la radio­thérapie que dans ma bouche. Deux mois avant de refaire cette cure, j’avais à nou­veau beau­coup moins de salive, c’é­tait com­plète­ment sec et je pelais à nou­veau dans la bouche. Mais au bout de 10 jours de cure, c’est revenu comme avant les deux mois et plus de pelage ou très rarement. »

Informations pratiques :

Ther­mes Saint-Ger­vais-Mont-Blanc
355, allée du Doc­teur Lépinay
74190 Le Fayet­Tél : +33 (0)4 50 47 54 54
www.thermes-saint-gervais.com

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Par Vio­laine Badie