Se repérer dans les aides sociales
Véritable chef d’orchestre, l’assistante sociale peut vous accompagner, vous et vos proches, pendant et après la maladie. Comment ? En vous proposant l’un des nombreux dispositifs dont vous pouvez bénéficier pour vous faciliter le quotidien. Le point avec Stéphanie Delor, assistante sociale au centre Léon Bérard à Lyon.
Pourquoi voir un(e) assistant(e) social(e) ?
Bien que chaque cas soit unique et qu’il n’existe pas une solution clé en main, l’assistant(e) social(e) peut contribuer à améliorer les conditions de vie du patient et de ses proches sur les plans social, sanitaire, familial, économique et professionnel. Plus précisément, il/elle peut répondre aux interrogations et aux problèmes liés au cancer dans différents domaines : les problèmes administratifs, la situation professionnelle, les aspects financiers, la reconnaissance du cancer comme maladie professionnelle. Mais également, le maintien ou la préparation du retour au domicile avec la recherche et la mise en place d’aides humaines ou techniques, l’orientation vers les services de soins de suite et de réadaptation après une hospitalisation, l’accès aux soins… Encore une fois, c’est au cas par cas.
Où peut-on les trouver ?
On peut contacter un assistant de service social auprès :
- de l’établissement de santé dans lequel on est soigné : c’est souvent la porte d’entrée pour les patients. Il/elle pourra orienter vers le bon interlocuteur, solliciter le bon relais à l’extérieur ;
- du régime d’assurance maladie* dont on dépend ;
- de la Caisse d’allocations familiales ;
- de la caisse de retraite ;
- du Centre communal d’action sociale (CCAS) de sa mairie ;
- du conseil départemental ;
- du Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (CROUS) si l’on est étudiant ;
- des services sociaux d’entreprise s’ils existent ;
- du comité départemental de la Ligue contre le cancer etc…
Qui peut le solliciter ?
L’assistant social du lieu de soins peut intervenir à la demande du patient ou d’un tiers, comme l’équipe soignante, qui peut s’appuyer sur un outil de détection de la fragilité́ sociale, notamment pendant la consultation d’annonce, mais toujours avec l’accord du patient.
L’étude VICAN réalisée auprès de patients 2 ans après leur diagnostic de cancer révèle que seulement 11% ont été en contact avec une assistante sociale et 1 sur 10 dit avoir suffisamment bénéficié de l’aide sociale.
Comment se déroule la prise en charge ?
Cela commence par entretien pendant lequel nous faisons une évaluation sociale de la situation du patient, de son entourage, de son environnement. On analyse précisément ses besoins et ses problématiques. Puis nous faisons une proposition un plan d’aide personnalisé et si besoin, on oriente sur des partenaires sociaux spécialisés. Tenu au secret professionnel, l’assistante sociale peut réévaluer la situation à tout moment. En effet, les problématiques rencontrées peuvent être différentes tout au long du parcours de soins. De plus, certaines démarches administratives prenant du temps avant d’aboutir, le mot clef est donc l’anticipation. Il ne faut donc pas hésiter à solliciter le service social dès l’annonce du diagnostic et tout au long de votre prise en charge.
De quel type d’aides peut-on bénéficier ?
Tout d’abord, la prise en charge des soins. Le médecin traitant va déclarer une ALD30 (affection longue durée) à la Sécurité sociale, ce qui permet une prise en charge des soins de santé en rapport avec le cancer à 100%. La caisse d’assurance maladie peut rembourser les transports prescrits par le médecin quand ils sont en rapport avec l’ALD. Dans le cadre du maintien au domicile en particulier, les infirmières libérales peuvent intervenir sur ordonnance pour des soins techniques. Elles peuvent également réaliser une aide à la toilette en cas de difficulté. On peut également faire appel à un SSIAD (service de soins infirmiers à domicile). Ce sont des services d’aide-soignantes sectorisés pris en charge par la Cpam. Attention cependant, car ils sont souvent saturés. Il faut anticiper et s’inscrire sur une liste d’attente. Le matériel médical facilitant le maintien à domicile peut également être pris en charge. Si la situation nécessite la mise en place aides ménagères, la première chose est de vérifier si la mutuelle propose une assistance en sortie d’hospitalisation ou en cours de traitement. S’agissant d’une aide temporaire, il ne faut pas hésiter à contacter l’assistante sociale de son lieu de soins pour organiser les choses de manière pérenne. En fonction de l’âge et de la situation de chacun, des dossiers d’aide à domicile pourront être envisagés auprès du Département, de la sécurité sociale, de la CAF, des caisses de retraite etc …
Comment cela se passe quand on est salarié ?
Tout dépend du patient et de ses traitements. Si le patient se sent bien, il peut poursuivre son activité professionnelle. Il n’y a pas d’obligation à se mettre en arrêt de travail. Cependant, en cas de traitement lourd, comme la chimiothérapie, une chirurgie…, il peut être difficile de tout concilier. Mieux vaut prioriser la santé. Un arrêt de travail sera alors prescrit. La personne percevra des indemnités journalières généralement complétées par une prévoyance auquel son employeur cotise. Les primes n’étant pas incluses dans le calcul des indemnités journalières, il peut donc y avoir des pertes de revenus. Il peut être intéressant de connaître le taux de complément de cette prévoyance en s’adressant aux ressources humaines de son lieu de travail. Petite précision, les indemnités journalières sur pathologie ALD ne sont pas imposables. Cela est variable selon que l’on travaille dans le privé, ou la fonction publique. Un temps partiel thérapeutique peut être envisagée pour une reprise professionnelle, à voir avec le médecin du travail et celui de la sécurité sociale.
Si la reprise du travail n’est pas possible, que se passe-t-il ?
Un arrêt de travail ne peut excéder trois ans. Si l’incapacité de travailler se prolonge et devient durable, le médecin de la sécurité sociale peut décider de la mise en invalidité du patient. Une pension, calculée sur une moyenne des années travaillées, peut être complétée par la prévoyance du contrat de travail.
Propos recueillis par Céline Dufranc
Merci à l’Afsos (Association Francophone des Soins Oncologiques de Support) et à l’INCA (Institut National du Cancer).
*https://www.ameli.fr/assure/droits-demarches/difficultes-acces-droits-soins/service-social
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Le B.A‑BA : ce que je dois faire en priorité
1) Je m’assure que mon médecin traitant a bien fait une demande de prise en charge (protocole de soins) à 100% au médecin-conseil de la Caisse d’assurance maladie.
2) Une fois que c’est fait, j’actualise ma carte vitale sur une borne de l’hôpital ou dans une pharmacie.
3) Si je suis salarié, je vérifie le contrat de prévoyance de mon employeur.
4) Je vérifie mes assurances de prêt immobilier et leurs enclenchements.
5) J’appelle ma mutuelle ou mon assureur pour connaître les possibilités d’assistance … Je relis bien mes contrats : on a parfois de bonnes surprises !
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BON A SAVOIR
Selon la loi, le terme de « handicap » désigne toute limitation de l’activité ou restriction de participation à la vie en société. Ce sont les MDPH (maison départementale des personnes handicapées) qui reconnaissent ce handicap (de façon temporaire ou définitive) et l’indemnisent. L’idée que la pathologie cancéreuse puisse être considérée comme un handicap est parfois difficile à accepter, car il s’agit souvent d’un handicap « invisible » mais certains droits dépendent de cette reconnaissance de handicap.
INFO +
Emprunter, c’est possible ! Depuis le 1er juin 2022, le délai est passé de 10 à 5 ans. Ainsi, après cinq ans de guérison, vous n’avez plus à transmettre vos antécédents médicaux à votre assureur pour contracter un prêt ou une assurance. Et il n’y a plus de distinction selon l’âge auquel le cancer a été diagnostiqué
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POUR VOUS AIDER
- un guide aussi complet qu’utile Démarches sociales et cancer, à télécharger gratuitement : https://www.e‑cancer.fr/Expertises-et-publications/Catalogue-des-publications/Demarches-sociales-et-cancer
l’Agence nationale des services à la personne présente toute la palette des services.
Cancer info : 0805 123 124
Droit des malades Info : 0810 51 51 51
RETOUR AU TRAVAIL :
Allo Alex
Hotline cancer et travail : 0 800 400 310