Hélène, les cahiers de la délivrance

Quand je me suis réveil­lée après mon inter­ven­tion en jan­vi­er 2017, j’ai ressen­ti des sen­ti­ments partagés.
J’étais heureuse et soulagée d’ap­pren­dre que le chirurgien avait pu enlever toute la tumeur mais j’ai eu un sen­ti­ment de peur et de détresse, par rap­port mon état.
Je ne pou­vais plus par­ler, j’avais l’im­pres­sion d’é­touf­fer, j’avais des douleurs, j’avais peur… tous ces tuyaux, ces drains, ces machines, ces per­fu­sions… et on m’a apporté une ardoise et un feutre !

Enfin, j’ai pu écrire ce que je ressen­tais, pos­er des ques­tions aux médecins qui étaient là. Bon, j’ai eu du mal à écrire cor­recte­ment mais ils m’ont com­pris, c’est l’essen­tiel. Ils ont pu me ras­sur­er. J’ai gardé cette ardoise avec moi et je m’en suis servie à chaque fois que j’ai eu besoin de par­ler, de deman­der de l’aide, de m’exprimer tout sim­ple­ment… Dans ces moments-là, vous avez l’im­pres­sion que cette petite chose, vous sauve presque la vie !!!

Au bout de quelques jours, j’ai demandé à ma fille de m’ap­porter un cahi­er et un sty­lo. Je trou­vais l’ar­doise trop petite par­fois et j’avais tou­jours les doigts et les mains bleus… On écrit, on efface, on réécrit, on réef­face, mais il reste tou­jours de l’en­cre. Et c’est pour cela que j’ai com­mencé à écrire sur ce cahier.

D’abord avec mes proches, pour par­ler, dis­cuter, échang­er. Eux ils par­laient et lisaient, moi j’é­coutais et j’écrivais … On arrivait à se com­pren­dre. Et puis, petit à petit, je me suis mise à écrire sur mon quo­ti­di­en, lorsque j’é­tais seule : mes angoiss­es, mes ques­tions, les vis­ites des médecins de mes proches, les médica­ments que l’on me don­nait, ce que je fai­sais le soir, les après-midis pen­dant lesquelles je m’en­nuyais, les moments de joies avec mes proches, les moments de déprime ou de souffrance…

Bref un peu tout, et de plus en plus. J’ai écrit, écrit et cela m’a aidée et m’a fait un bien fou de pou­voir not­er ce que je ressen­tais : une infir­mière adorable qui pre­nait le temps de dis­cuter avec moi, une autre pour laque­lle j’é­tais “la numéro 58” (numéro de ma cham­bre) alors qu’une aide-soignante m’ap­pelait par mon prénom… On décou­vre de tout, on apprend des gens, on apprend aus­si sur soi et sur notre tolérance.

J’ai rem­pli plusieurs cahiers qui m’ont beau­coup aidée pen­dant toutes les péri­odes d’hos­pi­tal­i­sa­tion.
Quand on est con­traint à la soli­tude, à cause de la mal­adie, c’est essen­tiel de trou­ver une activ­ité, quelque chose, qui puisse vous don­ner l’en­vie de faire, l’en­vie de se libér­er, l’en­vie que le temps soit plus facile.
L’écri­t­ure m’a apporté des moments de sérénité et de soulagement.

Hélène

Ma gueule ? Et alors ?
C’est ma gueule !
Ma gueule !
Quoi, ma gueule ?

Quel objet pour­rait sym­bol­is­er ton par­cours ?
Alors, l’objet qui sym­bol­ise mon par­cours, ce sont les carnets.

Alors… j’ai choisi cet objet parce que… j’en ai eu besoin. En fait… je me trou­vais… à l’hôpital et j’étais inca­pable de par­ler, suite à une tra­chéo­tomie. Et… pour m’exprimer, il fal­lait que j’écrive.
Et là, j’ai eu besoin en fait d’écrire plus de choses, d’écrire quand j’étais toute seule ce que je ressen­tais, quand ça allait pas, quand ça allait. Alors j’ai demandé à ma fille de m’apporter un cahi­er et… en fait, ils m’ont suiv­ie, toute l’année, et j’en ai écrit plusieurs. Parce que… pour moi, c’était très impor­tant, en fait, d’écrire, surtout quand… je pas­sais des journées des fois… seule, à l’hôpital… Le temps est très, très long à ce moment-là quand on est seule.

Mak­ing off
On a déjà une. Main­tenant, on va…
(rires)

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