Lorsque la maladie altère nos capacités et notre qualité de vie, il est légitime de vouloir faire une demande de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Le point sur les modalités d’accès et l’intérêt de cette démarche avec Cécile Leca, coordonnatrice Unité insertion et formation professionnelle à la MDPH de Paris.
Qui est concerné par la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) ?
Selon l’article L.5213–1 du code du travail, « est considéré comme travailleur handicapé toute personne dont les possibilités d’obtenir ou de conserver un emploi sont effectivement réduites par suite de l’altération d’une ou plusieurs fonctions physique, sensorielle, mentale ou psychique ».
La RQTH s’adresse à toute personne concernée par une problématique de santé (altération de fonction) — comme les cancers tête et cou — qui rend difficile la poursuite d’une activité professionnelle, l’accès à un emploi ou à une formation.
Quand faire sa demande de RQTH ?
Le plus tôt possible, dès que l’état de santé laisse présager un impact (d’une durée d’au moins un an) sur l’insertion professionnelle : accès à l’emploi, maintien en emploi, accès à la formation/maintien de la formation. La RQTH peut être demandée dès l’âge de 16 ans (ou 15 ans si le jeune est en stage ou en apprentissage).
Comment en faire la demande ? Quelles sont les démarches nécessaires ?
La demande de RQTH doit être déposée auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) du département de résidence du demandeur. Elle peut être déposée en ligne (quand la MDPH dispose d’un téléservice), au guichet de la MDPH ou envoyée par courrier.
Elle est réalisée au moyen du formulaire unique de demande MDPH CERFA n° 15692*01 (il faut notamment compléter la partie D et E3 concernant l’insertion professionnelle). Elle s’accompagne de toutes les pièces justificatives obligatoires (certificat médical CERFA 15695*01, justificatif d’identité et de domicile) et utiles à l’évaluation de la demande : parcours professionnel, CV, expression des difficultés…
La Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées (CDAPH) examine la proposition de l’équipe pluridisciplinaire de la MDPH et notifie au demandeur sa décision d’attribuer ou de rejeter sa demande. Selon les cas, la RQTH peut être attribuée entre 1 an à « sans limitation de durée », c’est-à-dire à vie. Quand la RQTH n’a pas été attribuée à vie et si les difficultés sont toujours présentes, il faut penser à faire la demande de renouvellement au moins 6 mois avant la date de fin d’échéance écrite sur la notification (dans certaines régions, 9 voire 12 mois sont nécessaires). À Paris, les décisions RQTH prises au cours du 3e trimestre 2023 sont à plus de 80% sans limitation de durée (à vie).
Quels sont les intérêts et les bénéfices pour la personne ?
La RQTH donne une priorité d’accès à diverses mesures d’aides à l’emploi et à la formation. Cette reconnaissance ouvre droit à des avantages spécifiques, tant pour le travailleur en situation de handicap que pour l’entreprise ou l’organisme qui l’emploie.
Lorsque la personne est en recherche d’emploi, la RQTH ouvre droit au bénéfice de « l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés » (OETH). À ce titre, le recrutement d’un travailleur ayant une RQTH permet à l’établissement ou organisme employeur de remplir, en tout ou partie, de son obligation. En effet, « l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés et assimilés » s’impose à tous les établissements, publics ou privés, y compris les fonctions publiques, de 20 salariés/agents et plus. L’employeur remplit son obligation d’emploi dès lors qu’il emploie, à temps plein ou à temps partiel, des bénéficiaires de l’obligation d’emploi, des travailleurs ayant une RQTH dans la proportion de 6% de son effectif total. Si celle-ci n’est pas respectée, l’employeur s’expose au versement d’une contribution financière annuelle à l’association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) ou au Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (Fiphfp).
La RQTH permet également :
- d’accéder à la fonction publique, par concours ou par recrutement contractuel spécifique,
- d’être prioritaire pour accéder aux formations de droit commun,
- d’accéder aux formations dans les ESRP (prestation MDPH : case E « CRP » à cocher dans le formulaire de demande MDPH). L’établissement et service de réadaptation professionnelle (ESRP) accompagne les personnes en situation de handicap dans leur projet d’insertion ou de reconversion professionnelle notamment par le biais de stages ou de formations.
Lorsque la personne est en emploi, la RQTH permet notamment de bénéficier :
- d’aménagements des conditions de travail ou du poste de travail, aménagement des horaires de travail, télétravail, adaptation du poste de travail par l’achat de matériel adapté (fauteuil ergonomique, téléphone ou logiciels spécifiques, appareillage auditif …). Ces aides (techniques et/ou humaines) sont financées par l’Agefiph et par le Fiphfp.
- d’aide humaine, tutorat,
- d’accès à des dispositifs spécifiques : formation en ESRP (reconversion),
- de soutien des réseaux spécialisés « Cap emploi » : axe maintien dans l’emploi,
- d’aide pour le transport (Prestation de Compensation de Handicap, PCH),
- de bénéficier de règles particulières en cas de rupture de son contrat de travail, comme le doublement de la durée du préavis de licenciement,
- et de départ anticipé à la retraite (sous certaines conditions).
Enfin, information très importante : seule la personne peut volontairement porter à la connaissance de l’employeur ou du médecin du travail sa RQTH. Cette information peut donc rester confidentielle au travail. Toutefois, si elle souhaite accéder à la majorité des dispositifs énumérés ci-dessus, elle doit les en informer.
Par Hélia Hakimi-Prévot
Liens utiles :
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