Une étude clinique apporte un bel espoir pour prévenir les récidives des patients atteints de carcinome épidermoïde de la tête et du cou négatif au virus du papillome humain (HPV)
Les personnes atteintes d’un cancer tête et cou ne bénéficient d’aucun traitement efficace pour prévenir les récidives. Or la moitié d’entre eux sont confrontés à une reprise de la maladie dans l’année suivant le traitement initial. Pour pallier cette situation, la société de biotechnologie Transgene a développé un vaccin innovant. Nommé TG4050, il utilise une technologie d’Intelligence Artificielle (IA) pour traiter chaque patient de façon personnalisée.
Stimuler le système immunitaire* pour détruire les cellules tumorales : tel est le mécanisme d’action du vaccin TG4050. Composé d’un virus atténué — le Modified Vaccine Ankara (MVA), historiquement utilisé pour le vaccin contre la variole — ce vaccin est capable de cibler les mutations tumorales les plus pertinentes pour chaque patient. C’est-à-dire, celles qui sont les plus efficaces pour induire une réponse immunitaire contre la tumeur.
Cette immunothérapie** relève, ainsi, un vrai défi. En effet, les tumeurs ont largement tendance à se cacher du système immunitaire. Seules 1 % des mutations tumorales, qui sont propres à chacun, entraînent une réponse du système immunitaire. Ces mutations sont identifiées à partir d’un prélèvement de la tumeur du patient par séquençage de nouvelle génération***. Elles sont sélectionnées à l’aide d’un système d’Intelligence Artificielle (de l’entreprise NEC) qui permet de prédire le type de réponses immunitaires que le vaccin peut générer sur un patient donné. Les mutations tumorales identifiées comme étant les plus efficaces pour induire une réponse immunitaire contre la tumeur sont ensuite insérées dans l’ADN du virus MVA. Une quantité suffisante pour le traitement est ensuite fabriquée et mise à disposition du produit pour le patient.
Un essai très prometteur pour les patients ayant un risque élevé de récidive
Actuellement, le vaccin TG4050 est testé dans le cadre de deux essais cliniques de phase I****. Des premières données ont été obtenues sur 6 patients. Ces études doivent permettre de tester la sécurité et la tolérance des injections sous cutanées de TG4050. L’un des essais évalue TG4050 chez des patients nouvellement diagnostiqués, atteints de carcinome épidermoïde de la tête et du cou, localement avancé et papillomavirus humains (HPV) négatif. Ces patients ont un risque élevé de récidive après la chirurgie et le traitement adjuvant.
Au total, 30 participants devront être inclus dans cet essai : la moitié devra recevoir le vaccin TG4050 immédiatement après avoir terminé le traitement adjuvant (bras de traitement précoce). L’autre moitié le recevra lors de la récidive de la maladie, en complément du traitement standard (bras de vaccination différée). À ce jour, sur les 6 patients inclus dans cet essai, deux sont dans le bras de traitement précoce et quatre, dans le bras de vaccination différée. Dans le bras de traitement précoce, les deux patients sont traités avec TG4050 depuis 10 et 5 mois respectivement et sont stables : ils n’ont pas eu de récidive. Ils continuent à recevoir leur traitement.
Jusqu’alors, le vaccin a été bien toléré et aucun effet indésirable grave n’a été signalé dans les deux études. Ce traitement constitue donc un bel espoir pour prévenir les récidives des patients atteints de carcinome épidermoïde de la tête et du cou négatif au virus du papillome humain. Transgene prévoit de présenter des résultats supplémentaires lors d’un congrès majeur en oncologie courant 2022.
Vous voulez en savoir plus sur ce vaccin personnalisé, retrouvez l’interview du Professeur Delord qui répondra à toutes vos questions !
Hélia Hakimi-Prévot
*Le système immunitaire a pour mission de protéger l’organisme contre des envahisseurs étrangers ou dangereux : micro-organismes (généralement appelés germes, tels que les bactéries.
** L’immunothérapie est une approche thérapeutique qui agit sur le système immunitaire d’un patient pour lutter contre sa maladie.
*** Le séquençage est un procédé utilisé pour déterminer l’ordre (la séquence) des acides aminés d’une protéine ou des bases dans les acides nucléiques (ADN et ARN). Le séquençage nouvelle génération désigne de nouvelles méthodes de séquençage de l’ADN et de l’ARN plus rapides, qui révolutionnent la génomique et la biologie moléculaire.
**** Un essai clinique précoce (ou essai de phase I) consiste à évaluer la sécurité d’emploi d’une nouvelle molécule, son devenir dans l’organisme, les effets indésirables qu’elle peut produire chez l’homme et à obtenir les premiers éléments de son activité anti-tumorale.