En centre de cancérologie, l’accompagnement du patient est global et pluridisciplinaire.
Comment débute la prise en charge en centre de cancérologie ?
Dans un service hospitalier spécialisé en ORL et en cancérologie cervico-faciale, le patient peut soit consulter de sa propre initiative, soit être adressé par son médecin généraliste ou par un confrère ORL.
- Dans le premier cas, le début de la prise en charge s’effectue avec un interrogatoire du patient, un examen clinique complet, la prescription d’examens complémentaires et l’organisation de la biopsie / panendoscopie.
- Si le patient est adressé par un ORL, dans la plupart des cas, une grande partie du bilan de la maladie est déjà effectué. Il faut donc que le patient apporte en consultation tous les résultats, compte rendus et examens de radiologie dont il dispose.
La prise en charge débute alors de la même façon avec une consultation la plus exhaustive possible reprenant l’histoire du patient et les résultats de tous les examens qu’il a déjà effectués. Un examen clinique complet avec nasofibroscopie sera de nouveau réalisé. Cela peut sembler lourd à certains patients qui ont déjà été examinés par plusieurs médecins mais cela est indispensable pour bien comprendre la maladie et suivre son évolution.
Nous demandons au patient de nous préciser les informations qu’il a déjà reçues quant à sa pathologie. Le médecin ORL pourra ainsi réexpliquer, si besoin, le diagnostic, le préciser ou l’annoncer. Il pourra éventuellement organiser d’autres examens si certains sont manquants.
Enfin, nous expliquons au patient l’organisation de la suite de sa prise en charge, une fois le bilan récupéré. Son dossier sera alors discuté rapidement en RCP (réunion de concertation pluridisciplinaire). Cette réunion a pour but de discuter du traitement, de façon collégiale, avec les différentes spécialités pouvant intervenir dans la prise en charge du patient.
Le patient sera ensuite revu en consultation par l’ORL pour lui soumettre le (ou les) traitement(s) proposés par la RCP. C’est le moment où les informations concernant l’organisation pratique du traitement lui sont expliquées et où il peut poser toutes ses questions.
Il est aussi important que le patient soit accompagné par un proche, à ce moment-là, s’il le souhaite. Comme expliqué par le Dr Petelle précédemment, cette présence a pour but de le soutenir et de l’aider à enregistrer les informations et les enjeux qui seront évoqués lors de ce moment difficile.
Le médecin expliquera aussi s’il existe un choix dans le traitement : c’est ce que l’on appelle les « alternatives thérapeutiques ». Le but, les avantages et les effets secondaires possibles de chaque traitement seront expliqués. Le patient pourra ensuite accepter le traitement qui lui est proposé ou le refuser, de façon éclairée.
Les rendez-vous suivants seront dédiés au début du traitement que ce soit par radiothérapie, chimiothérapie ou chirurgie.
Quels sont les différents professionnels de santé pouvant prendre en charge le patient atteint d’un cancer ORL ?
La prise en charge des cancers ORL, comme de tous les cancers, nécessite une coordination de nombreux professionnels de santé afin de diagnostiquer, traiter, mais aussi suivre, soutenir et aider à la rééducation des patients sur le long terme. C’est ce que l’on appelle une prise en charge « pluridisciplinaire », qui s’effectuera en collaboration entre la médecine de ville et l’hôpital.
Différents médecins peuvent intervenir au cours du traitement : les radiothérapeutes si un traitement par radiothérapie est proposé, les oncologues si une chimiothérapie ou une immunothérapie est nécessaire, les chirurgiens (ORL, maxillo-faciaux et éventuellement plasticiens-reconstructeurs) qui interviennent en cas de chirurgie, et dans la surveillance des patients.
Lors du suivi après la fin du traitement, le patient reverra aussi son ORL de ville.
Le patient rencontrera les dentistes en consultation dès le début de sa prise en charge. En effet, un bon état dentaire est nécessaire en cas de radiothérapie. De plus, certaines chirurgies ou tumeurs de la bouche peuvent impacter la dentition des patients. Le chirurgien-dentiste suivra ensuite régulièrement le patient dans la plupart des cas. Il joue aussi un rôle clé dans la reprise de l’alimentation, lorsqu’une prothèse dentaire ou des implants sont nécessaires après le traitement.
Des infirmières spécialisées dans différentes facettes de la prise en charge suivront le patient tout au long de sa maladie : lors de l’annonce, en consultation, dans les services de chirurgie de radiothérapie ou d’oncologie. Puis, plus tard, lorsque le patient retourne chez lui, il peut avoir besoin de soins par une infirmière à domicile. Lors d’une hospitalisation, les aides-soignants sont aussi très présents, au quotidien.
Une particularité des cancers de la tête et du cou est qu’ils impactent souvent l’alimentation, la respiration et/ou la parole. Une des pierres angulaires du traitement et du suivi est donc la rééducation qui est faite par les orthophonistes ( à l’hôpital ou en cabinet libéral, suivant les cas). De la kinésithérapie au niveau du cou (par exemple, pour traiter les cicatrices éventuelles) peut également être proposée dans certains cas.
Enfin d’autres professionnels de santé peuvent entourer le patient en fonction de ses symptômes. Par exemple, des médecins et infirmières de la douleur, des nutritionnistes, pour certains patients présentent des douleurs importantes ou des difficultés d’alimentation. Ou encore, des psychologues ou des psychiatres, si le patient se sent angoissé ou déprimé.
Quelles sont toutes les informations qu’ils doivent lui délivrer ?
Les informations concernant le diagnostic du cancer et le traitement proposé, ainsi que l’évolution de la maladie sont délivrées au patient au fur et à mesure de la prise en charge et des évènements.
Comme expliqué par le Dr Petelle, le diagnostic de cancer ne peut être fait qu’après une biopsie. L’information sera donc donnée une fois les résultats disponibles, lors de la consultation d’annonce.
Les propositions et décisions de la RCP doivent aussi être expliquées au patient après cette dernière.
Avant de débuter le traitement, quel qu’il soit, le patient sera informé des modalités, du but, et des effets secondaires possibles du traitement. Même si, malheureusement, certains risques ne sont pas prévisibles.
Au cours du traitement, si des évènements indésirables surviennent, le patient sera informé des adaptations nécessaires du protocole initial. En effet, parfois le traitement ne se passe pas comme prévu et il faut réaliser de nouveaux examens ou changer de stratégie de façon imprévue.
Après la fin du traitement, le patient sera revu régulièrement en consultation.
En effet, après tout cancer le patient est surveillé de façon rapprochée et prolongée pendant plusieurs années grâce à des consultations et des examens d’imagerie. Ils servent à détecter une éventuelle rechute du cancer, ou l’apparition d’une autre maladie, mais aussi à aider le patient en prenant en charge au mieux les éventuels symptômes ou séquelles dues à son traitement.