Radiothérapie stéréotaxique

Cette tech­nique d’irradiation per­met de « frap­per fort », sur des petites lésions tumorales. Qu’est-ce que la radio­thérapie en sit­u­a­tion de stéréo­tax­ie ? Quels sont ses avan­tages ? Quand peut-elle être employée pour les can­cers ORL ? Décryptage.

Radiothérapie stéréotaxique : de quoi s’agit-il ?

« C’est une irra­di­a­tion de pré­ci­sion, très focal­isée », répond le Pr Eliz­a­beth Moy­al, chef du ser­vice de radio­thérapie à l’Institut Uni­ver­si­taire du Can­cer de Toulouse (IUCT). Les dos­es d’irradiation sont bien plus fortes que pour une irra­di­a­tion con­ven­tion­nelle, avec des traite­ments plus courts. La radio­thérapie stéréo­tax­ique est réservée à des petites lésions, qu’il s’agisse d’une tumeur ini­tiale ou de métas­tases. Orig­inelle­ment mise au point pour des traite­ments en intra-crânien, elle est désor­mais employée pour traiter toutes les zones du corps.

« Nous avons égale­ment la pos­si­bil­ité d’irradier en même temps plusieurs lésions de manière très ciblée. Par exem­ple, dans le cas de métas­tases cérébrales mul­ti­ples, cela évite de devoir irradier une large zone du cerveau », pour­suit la radiothérapeute. 

En résumé, la radio­thérapie en sit­u­a­tion de stéréo­tax­ie per­met de « frap­per fort, avec de plus fortes dos­es, sur de plus petits vol­umes, qu’ils soient uniques ou mul­ti­ples ».

Autre avan­tage : cette radio­thérapie peut être util­isée en réir­ra­di­a­tion, pour un traite­ment sup­plé­men­taire de sauve­g­arde, néces­saire pour soign­er la mal­adie ini­tiale, ou pour une nou­velle lésion can­céreuse apparue sur le même site. « Préal­able­ment, nous préféri­ons éviter de réir­radier pour lim­iter la tox­i­c­ité des rayons dans les tis­sus sains. Nous pou­vons désor­mais le faire grâce à la stéréo­tax­ie », détaille le Pr Moyal.

« Frap­per fort, avec de plus fortes dos­es, sur de plus petits vol­umes, qu’ils soient uniques ou multiples »

Pr Eliz­a­beth Moyal

Quelles indications pour les cancers ORL ?

Dans la très grande majorité des cas, la radio­thérapie stéréo­tax­ique ne fait pas par­tie des traite­ments de pre­mière inten­tion pour soign­er des can­cers de la tête et du cou. En cause : le vol­ume trop impor­tant des lésions et le fait que ces tumeurs soient lym­phophiles, avec une propen­sion à se répan­dre dans les tis­sus lym­pha­tiques et notam­ment les gan­glions. On lui préfér­era des radio­thérapies plus clas­siques, adap­tées à des tumeurs de forme com­plexe et avec pos­si­bil­ité d’irradiation pro­phy­lac­tique (en préven­tion) des gan­glions voisins, telles que l’IMRT (Radio­thérapie par Mod­u­la­tion d’Intensité) ou le VMAT (irra­di­a­tion avec Mod­u­la­tion d’intensité Volumétrique par Arc­Thérapie). « Ces tech­niques restent aus­si très ciblées et préser­vent très bien les organes sains », insiste la cheffe de ser­vice de l’Oncopole de Toulouse.

Cepen­dant, quelques cas par­ti­c­uliers peu­vent jus­ti­fi­er le recours à la stéréo­tax­ie pour des can­cers ORL, comme par exemple :

  • l’émer­gence d’une nou­velle lésion de petite taille ou d’un gan­glion atteint sur un ter­ri­toire déjà irradié ;
  • le traite­ment de métas­tases de petite taille au niveau des poumons, du cerveau, du foie, des os.

Le choix d’un pro­to­cole dépend de très nom­breux fac­teurs que les pro­fes­sion­nels de san­té analy­sent avant de pro­pos­er tel ou tel traite­ment. Seuls des experts de la prise en charge des can­cers sont qual­i­fiés pour déter­min­er quels sont les meilleurs soins pour chaque patient.

La radiothérapie stéréotaxique en pratique

Les dos­es d’irradiation sont beau­coup plus fortes, dis­tribuées sur un nom­bre restreint de séances : 1 à 5 séances en général, de 20 min­utes env­i­ron cha­cune, réal­isées tous les jours ou tous les 2 jours. Ces infor­ma­tions sont don­nées pure­ment à titre indi­catif, les pro­to­coles de traite­ments étant adap­tés en fonc­tion des besoins du patient.

Il existe des con­tre-indi­ca­tions à l’emploi de la radio­thérapie stéréo­tax­ique, comme par exem­ple une tumeur trop grosse ou col­lée à un organe sain à risque.

Le ciblage très pré­cis des dos­es de rayons préserve les tis­sus alen­tours et lim­ite grande­ment les effets indésir­ables. « Ce traite­ment a démon­tré une très bonne effi­cac­ité et une très bonne tolérance. C’est une arme sup­plé­men­taire intéres­sante que nous avons à dis­po­si­tion, en par­ti­c­uli­er en sit­u­a­tion de rat­tra­page ou de récidive », con­clut Pr Elis­a­beth Moyal.

Pro­pos recueil­lis par Vio­laine Badie

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