3 questions au Dr Alix Marhic, chef de clinique ORL et chirurgie cervico-faciale à l’hôpital Tenon (Paris)

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En cen­tre de can­cérolo­gie, l’ac­com­pa­g­ne­ment du patient est glob­al et pluridisciplinaire.

Comment débute la prise en charge en centre de cancérologie ?

Dans un ser­vice hos­pi­tal­ier spé­cial­isé en ORL et en can­cérolo­gie cer­vi­co-faciale, le patient peut soit con­sul­ter de sa pro­pre ini­tia­tive, soit être adressé par son médecin général­iste ou par un con­frère ORL.

- Dans le pre­mier cas, le début de la prise en charge s’effectue avec un inter­roga­toire du patient, un exa­m­en clin­ique com­plet, la pre­scrip­tion d’examens com­plé­men­taires et l’organisation de la biop­sie / panendoscopie.

- Si le patient est adressé par un ORL, dans la plu­part des cas, une grande par­tie du bilan de la mal­adie est déjà effec­tué. Il faut donc que le patient apporte en con­sul­ta­tion tous les résul­tats, compte ren­dus et exa­m­ens de radi­olo­gie dont il dispose.

La prise en charge débute alors de la même façon avec une con­sul­ta­tion la plus exhaus­tive pos­si­ble reprenant l’histoire du patient et les résul­tats de tous les exa­m­ens qu’il a déjà effec­tués. Un exa­m­en clin­ique com­plet avec nasofi­bro­scopie sera de nou­veau réal­isé. Cela peut sem­bler lourd à cer­tains patients qui ont déjà été exam­inés par plusieurs médecins mais cela est indis­pens­able pour bien com­pren­dre la mal­adie et suiv­re son évolution.

Nous deman­dons au patient de nous pré­cis­er les infor­ma­tions qu’il a déjà reçues quant à sa patholo­gie. Le médecin ORL pour­ra ain­si réex­pli­quer, si besoin, le diag­nos­tic, le pré­cis­er ou l’annoncer. Il pour­ra éventuelle­ment organ­is­er d’autres exa­m­ens si cer­tains sont manquants.

Enfin, nous expliquons au patient l’organisation de la suite de sa prise en charge, une fois le bilan récupéré. Son dossier sera alors dis­cuté rapi­de­ment en RCP (réu­nion de con­cer­ta­tion pluridis­ci­plinaire). Cette réu­nion a pour but de dis­cuter du traite­ment, de façon col­lé­giale, avec les dif­férentes spé­cial­ités pou­vant inter­venir dans la prise en charge du patient.

Le patient sera ensuite revu en con­sul­ta­tion par l’ORL pour lui soumet­tre le (ou les) traitement(s) pro­posés par la RCP. C’est le moment où les infor­ma­tions con­cer­nant l’organisation pra­tique du traite­ment lui sont expliquées et où il peut pos­er toutes ses questions.

Il est aus­si impor­tant que le patient soit accom­pa­g­né par un proche, à ce moment-là, s’il le souhaite. Comme expliqué par le Dr Petelle précédem­ment, cette présence a pour but de le soutenir et de l’aider à enreg­istr­er les infor­ma­tions et les enjeux qui seront évo­qués lors de ce moment difficile.

Le médecin expli­quera aus­si s’il existe un choix dans le traite­ment : c’est ce que l’on appelle les « alter­na­tives thérapeu­tiques ». Le but, les avan­tages et les effets sec­ondaires pos­si­bles de chaque traite­ment seront expliqués. Le patient pour­ra ensuite accepter le traite­ment qui lui est pro­posé ou le refuser, de façon éclairée.

Les ren­dez-vous suiv­ants seront dédiés au début du traite­ment que ce soit par radio­thérapie, chimio­thérapie ou chirurgie.

Quels sont les différents professionnels de santé pouvant prendre en charge le patient atteint d’un cancer ORL ?

La prise en charge des can­cers ORL, comme de tous les can­cers, néces­site une coor­di­na­tion de nom­breux pro­fes­sion­nels de san­té afin de diag­nos­ti­quer, traiter, mais aus­si suiv­re, soutenir et aider à la réé­d­u­ca­tion des patients sur le long terme. C’est ce que l’on appelle une prise en charge « pluridis­ci­plinaire », qui s’effectuera en col­lab­o­ra­tion entre la médecine de ville et l’hôpital.

Dif­férents médecins peu­vent inter­venir au cours du traite­ment : les radio­thérapeutes si un traite­ment par radio­thérapie est pro­posé, les onco­logues si une chimio­thérapie ou une immunothérapie est néces­saire, les chirurgiens (ORL, max­il­lo-faci­aux et éventuelle­ment plas­ti­ciens-recon­struc­teurs) qui inter­vi­en­nent en cas de chirurgie, et dans la sur­veil­lance des patients.

Lors du suivi après la fin du traite­ment, le patient rever­ra aus­si son ORL de ville.

Le patient ren­con­tr­era les den­tistes en con­sul­ta­tion dès le début de sa prise en charge. En effet, un bon état den­taire est néces­saire en cas de radio­thérapie. De plus, cer­taines chirur­gies ou tumeurs de la bouche peu­vent impacter la den­ti­tion des patients. Le chirurgien-den­tiste suiv­ra ensuite régulière­ment le patient dans la plu­part des cas. Il joue aus­si un rôle clé dans la reprise de l’alimentation, lorsqu’une pro­thèse den­taire ou des implants sont néces­saires après le traitement.

Des infir­mières spé­cial­isées dans dif­férentes facettes de la prise en charge suiv­ront le patient tout au long de sa mal­adie : lors de l’annonce, en con­sul­ta­tion, dans les ser­vices de chirurgie de radio­thérapie ou d’oncologie. Puis, plus tard, lorsque le patient retourne chez lui, il peut avoir besoin de soins par une infir­mière à domi­cile. Lors d’une hos­pi­tal­i­sa­tion, les aides-soignants sont aus­si très présents, au quotidien.

Une par­tic­u­lar­ité des can­cers de la tête et du cou est qu’ils impactent sou­vent l’alimentation, la res­pi­ra­tion et/ou la parole. Une des pier­res angu­laires du traite­ment et du suivi est donc la réé­d­u­ca­tion qui est faite par les ortho­phon­istes ( à l’hôpital ou en cab­i­net libéral, suiv­ant les cas). De la kinésithérapie au niveau du cou (par exem­ple, pour traiter les cica­tri­ces éventuelles) peut égale­ment être pro­posée dans cer­tains cas.

Enfin d’autres pro­fes­sion­nels de san­té peu­vent entour­er le patient en fonc­tion de ses symp­tômes. Par exem­ple, des médecins et infir­mières de la douleur, des nutri­tion­nistes, pour cer­tains patients présen­tent des douleurs impor­tantes ou des dif­fi­cultés d’alimentation. Ou encore, des psy­cho­logues ou des psy­chi­a­tres, si le patient se sent angois­sé ou déprimé.

Quelles sont toutes les informations qu’ils doivent lui délivrer ?

Les infor­ma­tions con­cer­nant le diag­nos­tic du can­cer et le traite­ment pro­posé, ain­si que l’évolution de la mal­adie sont délivrées au patient au fur et à mesure de la prise en charge et des évènements.

Comme expliqué par le Dr Petelle, le diag­nos­tic de can­cer ne peut être fait qu’après une biop­sie. L’information sera donc don­née une fois les résul­tats disponibles, lors de la con­sul­ta­tion d’annonce.

Les propo­si­tions et déci­sions de la RCP doivent aus­si être expliquées au patient après cette dernière.

Avant de débuter le traite­ment, quel qu’il soit, le patient sera infor­mé des modal­ités, du but, et des effets sec­ondaires pos­si­bles du traite­ment. Même si, mal­heureuse­ment, cer­tains risques ne sont pas prévisibles.

Au cours du traite­ment, si des évène­ments indésir­ables survi­en­nent, le patient sera infor­mé des adap­ta­tions néces­saires du pro­to­cole ini­tial. En effet, par­fois le traite­ment ne se passe pas comme prévu et il faut réalis­er de nou­veaux exa­m­ens ou chang­er de stratégie de façon imprévue.

Après la fin du traite­ment, le patient sera revu régulière­ment en consultation.

En effet, après tout can­cer le patient est sur­veil­lé de façon rap­prochée et pro­longée pen­dant plusieurs années grâce à des con­sul­ta­tions et des exa­m­ens d’imagerie. Ils ser­vent à détecter une éventuelle rechute du can­cer, ou l’apparition d’une autre mal­adie, mais aus­si à aider le patient en prenant en charge au mieux les éventuels symp­tômes ou séquelles dues à son traitement.

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