Etat des lieux 2021

La recherche en pleine ébullition

Alors que l’In­sti­tut nation­al du Can­cer (INCA) réper­to­rie sur son site Inter­net* les essais clin­iques dans le domaine des can­cers tête et cou, égale­ment appelés can­cers des Voies Aérodi­ges­tives Supérieures (VADS) ou ORL, Coras­so fait le point sur les prin­ci­pales recherch­es en cours. 

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Actuelle­ment, la chirurgie et la radio­thérapie sont les traite­ments les plus effi­caces pour la majorité des can­cers de la tête et du cou. La chimio­thérapie, quant à elle, peut être util­isée en asso­ci­a­tion avec la radio­thérapie, soit comme traite­ment unique, soit après la chirurgie. Pour les can­cers de mau­vais pronos­tic, la chimio­thérapie est asso­ciée à la radio­thérapie pour aug­menter l’ef­fi­cac­ité des traite­ments. Seule par­tic­u­lar­ité française : pour les patients can­di­dats à une laryn­gec­tomie totale, une chimio­thérapie peut être pro­posée en pre­mière inten­tion. « Cette chimio­thérapie néo-adju­vante (c’est à dire que l’on fait avant) per­met de sélec­tion­ner les « bons répon­deurs » : ceux qui pour­ront être irradiés et qui auront donc une chance d’échapper à la chirurgie. Cette stratégie dif­fère de celle des anglo-sax­ons. Aux Etats-Unis, il n’y a pas de chimio­thérapie néo-adju­vante. Tous les patients sont d’abord irradiés. Ceux pour lesquels la radio­thérapie a échoué sont, ensuite, opérés », affirme le Pr Beat­rix Bar­ry, vice-prési­dente de la Société Française de Car­ci­nolo­gie cer­vi­co-faciale (SFCCF).

Des études pour connaître la meilleure stratégie de traitement

Pour les patients dont la tumeur est à un stade avancé ou métas­ta­tique, la radio­thérapie asso­ciée à la chimio­thérapie est sou­vent pro­posée. Dans les can­cers de la tête et du cou, la chimio­thérapie et l’immunothérapie con­stituent égale­ment des traite­ments pal­li­at­ifs, pro­posés aux per­son­nes présen­tant une récidive inopérable ou des métas­tases après un pre­mier traite­ment. De nom­breuses d’é­tudes con­cer­nant la stratégie de traite­ment à adopter sont en cours. « L’é­tude SALT ORL, par exem­ple, com­pare l’at­ti­tude française dans les can­cers néces­si­tant une laryn­gec­tomie totale à l’at­ti­tude anglo-sax­onne. Autrement dit, l’objectif est de savoir si une chimio­thérapie néo-adju­vante sélec­tion­nant les patients pou­vant être opérés ou irradiés est une stratégie plus ou moins effi­cace (en ter­mes d’espérance de vie et de qual­ité de vie) qu’une radio­thérapie effec­tuée d’emblée chez tous les patients. Les pre­miers résul­tats de l’é­tude devraient être con­nus d’i­ci 3 ans au plus tard », note le Pr Barry.

Autre étude stratégique, SANTA. Elle com­pare le traite­ment clas­sique des can­cers des glan­des sali­vaires (radio­thérapie seule) à un traite­ment asso­ciant radio­thérapie et chimio­thérapie. Dans le domaine de la chirurgie, de nou­velles recherch­es sont égale­ment menées. « Deux études, l’une française et l’autre européenne (menée en Suisse) com­par­ent la chirurgie seule à la radio­thérapie seule dans le traite­ment des tumeurs de l’amyg­dale diag­nos­tiquées à un stade pré­coce », ajoute le Pr Bar­ry. Par ailleurs, un essai clin­ique étudie la place de la radio­thérapie stéréo­tax­ique (tech­nique d’ir­ra­di­a­tion de haute pré­ci­sion) chez les patients qui dévelop­pent des métas­tases pul­monaires uniques ou peu nombreuses.

De nombreux essais cliniques dédiés à l’immunothérapie

Pour traiter les can­cers tête et cou (tous types con­fon­dus), les essais clin­iques impli­quant l’im­munothérapie sont très nom­breux. Ces études tes­tent, par exem­ple, l’ef­fi­cac­ité de l’im­munothérapie en traite­ment adju­vant (après un pre­mier traite­ment) pour les tumeurs de mau­vais pronos­tic. Ou encore, l’as­so­ci­a­tion immunothérapie / radio­thérapie com­parée à la com­bi­nai­son chimio­thérapie / radio­thérapie. « En immunothérapie, deux molécules phares ont actuelle­ment l’autorisation de mise sur le marché,  le nivolum­ab et le pem­brolizum­ab, mais de nom­breuses autres sont testées dans les études clin­iques», indique le Pr Bar­ry. Un patient sur qua­tre béné­fi­cie actuelle­ment de l’ef­fet thérapeu­tique de l’immunothérapie. Traite­ment qui représente un espoir con­sid­érable. En effet, pour les patients ayant la chance d’y répon­dre favor­able­ment, l’im­munothérapie s’avère très efficace. 

Aujour­d’hui, s’il n’est pas pos­si­ble de prédire qu’un traite­ment d’im­munothérapie sera effi­cace sur un patient don­né, des études en cours ten­tent d’i­den­ti­fi­er des mar­queurs his­tologiques de réponse aux traite­ments. « Par ailleurs, actuelle­ment, même si nous ne savons pas exacte­ment quels patients vont répon­dre à l’im­munothérapie, nous béné­fi­cions de quelques pistes grâce au score CPS. Ce score est cal­culé en ten­ant compte du nom­bre de pro­téines (appelées PDL‑1) présentes à la sur­face des cel­lules can­céreuses. Cer­tains médica­ments d’im­munothérapie tels que le pem­brolizum­ab, ne peu­vent être pre­scrits qu’aux patients ayant un score CPS ≥1. Ces patients ayant de grandes chances de pou­voir répon­dre à ce traite­ment », assure le Pr Barry.

Des travaux pour optimiser le suivi des patients

Une série d’é­tudes clin­iques sont en cours pour con­naître les meilleures modal­ités d’ac­com­pa­g­ne­ment des patients présen­tant un can­cer tête et cou. « Par exem­ple, un pro­gramme hos­pi­tal­ier de recherche clin­ique (PHRC) bap­tisé PETAL cherche à con­naître l’in­térêt de for­mer des infir­mières afin qu’elles puis­sent accom­pa­g­n­er les patients vers l’ar­rêt du tabag­isme. Un autre essai clin­ique, inti­t­ulé SURVEIL, mené à l’In­sti­tut Gus­tave Roussy, com­pare le suivi clas­sique des patients ayant un can­cer tête et cou (con­sul­ta­tions régulières et exa­m­ens en cas de signes d’ap­pel) à un suivi plus inten­sif, inclu­ant des exa­m­ens sys­té­ma­tiques : un scan­ner et un TEP-scan tous les 6 mois », con­clut la spécialiste. 

Thérapies ciblées : de nouveaux espoirs pour les patients

Les thérapies ciblées cor­re­spon­dent à un médica­ment qui s’at­taque aux cel­lules can­céreuses en repérant, chez elles, une cible pré­cise (récep­teur, gène ou pro­téine) et en épargnant au max­i­mum les cel­lules saines. Les essais clin­iques en cours sur les thérapies ciblées con­cer­nent essen­tielle­ment des tumeurs évoluées. Le cétux­imab (Erbitux) est actuelle­ment la seule thérapie ciblée util­isée pour les can­cers tête et cou. De nom­breuses études en cours com­par­ent les asso­ci­a­tions de traite­ment par chimio­thérapie / Erbitux à l’im­munothérapie pour les tumeurs locale­ment avancées. « L’é­tude REACH, par exem­ple, com­pare l’as­so­ci­a­tion avelum­ab / cétux­imab / radio­thérapie à un traite­ment clas­sique par radio-chimio­thérapie (ou par radiothérapie/ Erbitux), selon l’état général du patient », indique le Pr Bar­ry. D’autres études s’in­téressent, par ailleurs, à l’in­térêt du cétux­imab chez les patients en récidive. « L’essai ELAN-UNFIT éval­ue, par exem­ple, la pos­si­bil­ité de rem­plac­er la chimio­thérapie (méthotrex­ate) par le cétux­imab en traite­ment de pre­mière inten­tion chez les patients âgés et frag­iles présen­tant une tumeur métas­ta­tique ou en rechute », pré­cise le Pr Bar­ry. Enfin, un autre médica­ment de thérapie ciblée : l’afatinib (un inhib­i­teur de tyro­sine kinase) est actuelle­ment en cours  d’é­val­u­a­tion dans les can­cers tête et cou. 

Par Hélia Hakimi-Prévot

Pour répon­dre à sa mis­sion d’information, Coras­so vous tien­dra régulière­ment infor­més de l’avancée de toutes ces études et vous présen­tera cha­cune d’elles en détail au cours des prochaines newslet­ters. Un entre­tien est d’ailleurs prévu dans les prochains jours avec le Pro­fesseur Jean-Pierre Delord au sujet des vac­cins per­son­nal­isés pour lim­iter les risques de récidives de cer­tains can­cers tête et cou. Vous avez des ques­tions sur ce vac­cin ? Envoyez-les à contact@corasso.org pour que le Pr Delord vous réponde.

*En savoir plus : reg­istre des essais clin­iques, Insti­tut nation­al du Can­cer : https://www.e‑cancer.fr/Professionnels-de-la-recherche/Recherche-clinique/Le-registre-des-essais-cliniques/Le-registre-des-essais-cliniques

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